> Seulement, il est vain de défendre la laïcité, l’émancipation, si l’on ne se rend pas compte que le discours du bouc émissaire anti-musulman a largement débordé, ces dernières années, le lit d’une extrême droite elle-même plus puissante. La bollosphère, la droite LR en surenchère identitariste permanente, et même une partie du centre sous couvert d’un «républicanisme intransigeant» qui ne combat plus qu’à coups d’anathèmes mal définis («islamogauchistes», «wokisme»…) ont fini par rendre indifférenciables la lutte contre l’islamisme et le racisme anti-musulmans.
> L’argument (auquel j’adhérais) selon lequel le mot «islamophobie» devait être banni sous peine de ne plus pouvoir légitimement lutter contre l’islamisme ne tient plus. Le mot islamophobie est maintenant le pendant d’antisémitisme. La haine des musulmans, cette forme de racisme s’appelle maintenant, pour tout le monde, «islamophobie». Les anti-islamistes ne peuvent plus revendiquer d’être islamophobes sans passer pour des racistes. C’est comme ça : en politique, les mots sont des véhicules. Le but n’est pas de contrôler le véhicule mais sa cargaison, c’est-à-dire l’acception du mot.
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