Le Canal Seine Nord Europe, un dilemme écologique, financier, et politique !
« Le CNSE est une arnaque écologique et financière », intervenant
A la base de tout avant même d’évoquer le projet, les militants écologistes espéraient tout simplement une étude d’impact des conséquences sur les espaces verts, la biodiversité, la qualité de l’eau, les espèces protégés, etc. En fait, la nature est-elle en capacité de supporter cet ouvrage majuscule ? D’ailleurs, son épuisement ou pas n’est jamais énuméré dans les colonnes de faisabilité ; notre espace vital écologique fait-il un Burn Out sur un chantier de cette dimension ? En face, l’argument massue reste le transfert d’une partie des poids lourds de l’A1 vers le CNSE sans oublier une création d’emplois massive, évidemment durant le chantier, mais après également ce qui nettement plus discutable.
« Le CNSE est une arnaque écologique et financière », voilà quasi la première phrase de présentation à l’auditoire du CNSE, et pourtant avant tout cela, il ne faut pas négliger la Politique. Sur ce projet, tout commence par de l’écologie politique sur ce chantier extraordinaire au sens littéral du mot. En effet, sous l’impulsion du Ministre d’Etat et de l’Environnement, Jean-Louis Borloo, le projet Canal Seine Nord prend une place importante sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Sous le mode très prisé, par l’ancien maire de Valenciennes et ancien avocat d’affaires, Partenariat Public Privé avec Vinci et Bouygues BTP avec une pesée de 12 millions d’euros où le privé et le public finançait ce projet, le CNSE prend donc racine dans les dossiers prioritaires du Gouvernement.
Deux événements, avant toute considération écologique, contrarient la poursuite de ce projet. Tout d’abord, en octobre 2010, Jean-Louis Borloo n’est pas été choisi par Nicolas Sarkozy comme Premier ministre et sa démission à la clé. Puis, le Président de la République sortant n’est pas reconduit dans ses fonctions par les Françaises et les Français. Pour le coup, François Hollande, le Corrézien, n’est pas enthousiaste sur ce dossier, voire hostile, et demande à Rémy Pauvros une nouvelle évaluation de ce projet CNSE. Remouliner avec l’abandon des modifications des ouvrages d’art (les ponts), la rentabilité est entamée pour les transporteurs de containers. Le projet passe de fait d’un PPP à un projet 100% d’Etat, mais sous les 10 milliards avec l’appui de l’Europe au départ 40% du financement global, et puis sous l’impulsion de Dominique Riquet, autre ancien maire de Valenciennes, le passage à 50% de financement du projet final. Par contre, toute structure en collaboration avec les fonds européens (en direct) sait que son mode de fonctionnement financier est radicalement différent d’une institution régionale, départementale, voire d’Etat. Il faut de facto les reins solides pour réaliser ce chantier sans l’Europe et obtenir ses subventions, après mille et un contrôle, le versement du financement promis. Cela paraît presque simpliste à présenter, mais certains grands projets n’ont jamais abouti à cause de cette méthodologie.
En résumé, avec un bulletin de vote François Hollande, l’électeur a fait capoter ce projet CNSE, c’est aussi simple que cela avant l’arrivée d’Emmanuel Macron à la Présidence. Certes, le judiciaire, comme sur l’A69 et beaucoup plus souvent sur des dossiers plus locaux demeure tout à fait pertinent, mais sur les chantiers nationaux, la politique reste le facteur clé. L’issue du dossier emblématique de Notre-Dame-des-Landes, positive ou pas selon son point de vue, n’a été possible que grâce à la position de Ministre d’Etat de Nicolas Hulot. Certes, ce propos hérisse les Ecologistes, mais le nier réduit La noblesse de la politique de convictions par une simple course à la gamelle d’un mandat politique… !
Concrètement, sur 106 km, cette liaison interbassin serait de 106 km, 34 km dans le département de l’Oise, 19 km dans le Pays Noyonnais, 26 km dans la Somme et l’Oise en région agricole, 46 km dans la Somme dont 24 km dans la Haute-Somme et enfin 26 km dans le Nord-Pas-de-Calais. Le locuteur de cette soirée a projeté des images du futur pont Canal/Somme, sur 1,3 km et 50 mètres de large, tout est hors dimension dans ce chantier.
« Les travaux sur la 1ère écluse démarre en ce moment du côté d’Aubencheul-au-bac (entre Cambrai et Douai) », intervenant
Bien sûr, il faut parfois observer le retour de vécu ailleurs. Si des grands canaux intérieurs sont très performants en Europe, comme « celui de Rotterdam jusque Strasbourg, et au delà, sur plus de 650 km avec deux écluses seulement. Le seul exemple d’une liaison interbassin a été un échec en Allemagne. Le report modal dix après n’est pas atteint. » En l’espèce, nous passons à 107 km et 6 écluses, car la déclivité est importante entre le plat pays et l’île de France. Par voie de conséquence, la rétention d’eau pour épargner celle-ci, la remontée à des hauteurs improbables, en clair les besoins techniques pour résoudre cette altérité naturelle sont colossaux.
Ce retour de flamme sur ce dossier, dont la convention financière a été signée fin 2019 entre l’Etat et la région Hauts de France, s’explique par le démarrage des travaux stricto sensu du CNSE : « Les travaux sur la 1ère écluse démarre en ce moment du côté d’Aubencheul-au-bac (entre Cambrai et Douai). Jusqu’ici, les travaux préliminaires portaient sur le détournement de l’Oise », explique l’intervenant.
« La décision du Tribunal Administratif pour l’A69 nous a démontré qu’un chantier déjà très avancé peut-être stoppé ! », commente-t-il. C’est pourquoi, tous les chemins de Droit pour s’opposer à ce projet du CNSE seront mis en oeuvre durant les prochains mois et années. D’autres actions de contestation sur site, même plus compliquées, sont dans les tuyaux. Toutefois, les militants s’insurgent face à la réaction de la puissance publique à l’endroit de leur droit à manifester. Pour ou contre, il faut constater que ce chantier CNSE est et sera un outil politique pour le Président de la Région Hauts de France, Xavier Bertrand, un candidat putatif à la Présidentielle. La région est le maître d’oeuvre de ce chantier CNSE, ne l’oublions pas !
Et conclusion, l’offre créant le besoin, sur une temporalité très très longue, bien au delà des dix ans, le CNSE répondrait-il à une solution fluviale de mobilité des produits au Nord de l’Europe ? Pour autant, tout finira par de la politique écologique, car sauf changement de calendrier toujours possible, les élections municipales sur le Hainaut en 2026, la Présidentielle voire les législatives en 2027, et bien sûr les élections régionales en 2028 seront, aussi, un choix électoral pour ou contre ce CNSE… !
Daniel Carlier
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