Vue normale

Reçu hier — 27 mars 2025Choses vues, sur le web et ailleurs

Note: 2025 = 1932 ?

Je continue sur mon dépilage de newsletters...

> Un régime politique à bout de souffle, un président qui méprise le résultat des élections, un "extrême-centre" tout prêt à se jeter dans les bras de l'extrême-droite, et surtout, un milliardaire des médias, instrumentalisant ses journaux pour pousser son propre agenda politique : et si 2025, c'était 1932, l'année qui précède la prise de pouvoir de Hitler en Allemagne ?

> Oui, les renvois en miroir des deux situations sont si impressionnants, que l'on soupçonnerait presque Johann Chapoutot, auteur de "Les irresponsables, Qui a porté Hitler au pouvoir ?" (Gallimard) d'avoir forcé le trait, pour les besoins d'une démonstration établie à l'avance.

> Pas du tout ! réplique l'historien du nazisme, qui admet avoir été lui-même surpris du parallélisme entre cette année 1932 et l'actualité française, européenne, et américaine la plus brûlante, de Le Pen à Trump. Ce parallélisme est en tous cas implacable. Et le livre prend ainsi place dans l'ensemble de l'oeuvre de l'historien, qui tend à replacer le phénomène nazi, avec ses racines et sa postérité dans le continuum de l'histoire de l'Europe, et de l'Occident.

(@SI, 12/03/2025)
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Note: Bétharram-Averroès : analyse d'un deux poids-deux mesures abyssal

Lu dans une newsletter gratuite d'Arrêt sur Images (oui, je suis un peu accro aux newsletter) :

> D'un côté, il y a Stanislas, collège catholique sous contrat avec l'Etat où sont scolarisés nombre d'enfants de l'élite parisienne ou l'établissement sous-contrat Notre-Dame de Bétharram où enseignait l'épouse de François Bayrou ; de l'autre, le lycée musulman Averroès à Lille ou celui d'Al Kindi en banlieue lyonnaise. D'un côté, des établissements accusés d'avoir couvert des agressions sexuelles, des violences physiques et psychologiques, des propos racistes et homophobes, de l'autre, des écoles musulmanes accusées d'atteinte aux "valeurs de la République", sans fondement concret.

> D'un côté, des établissements toujours sous contrat avec l'Etat et donc subventionné, de l'autre, des écoles dont les contrats ont été rompus par les préfets. C'est ce deux-poids deux mesures que nous nous attachons aujourd'hui à analyser avec quatre invités : Diane-Sophie Girin, sociologue ; Eric Dufour, directeur d'Averroès ; Paul Vannier, députée de la France Insoumise et Pierre Mathiot, politologue et ex-directeur de Sciences Po Lille.

Je suis contant qu'enfin un média pose des mots sur ce qui me révolte depuis plusieurs semaines...
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Note: Quand l'IA slope tout (Newsletter Le pavé numérique)

L'IA est en train de détruire le web, épisode 4586 :
> L’IA a son spam, et il s’appelle slop. Le slop est le produit bas de gamme généré en quantité industrielle par une IA générative, particulièrement des images ou des vidéos. Et comme le spam, le slop menace d’envahir le monde numérique.

> Créer une vidéo de 30 secondes pour TikTok, YouTube, Facebook ou Instagram avec une IA générative prend quelques minutes. Exactement comme le spam, il devient alors rationnel de générer des centaines de ces images ou vidéos à destination des réseaux sociaux pour qu’une petite partie d’entre elles « percent », et les spécialistes de la manipulation des algorithmes des réseaux ne s’y sont pas trompés : le slop est partout.

[...]

> Le plus étonnant, c’est que loin de lutter contre le slop, les plateformes l’encouragent. [...] Meta fournit ainsi des outils de génération par IA permettant de produire immédiatement des dizaines de versions d’une même pub et de les tester en parallèle et en temps réel auprès du public

> Ainsi, les réseaux sociaux se ruent vers une troisième forme de leur existence : après la première forme « réseau de socialisation en ligne », nous sommes à l’étape post-vérité où les faits n’ont plus de pertinence, et il y aura désormais cette forme sans doute finale d’une circulation automatisée de contenus artificiels, où c’est la réalité de l’interaction elle-même qui est dissoute.
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Is it safe to travel to the United States with your phone right now? | The Verge

> In recent weeks, airport Customs and Border Protection (CBP) agents have drawn public outcry for denying travelers US entry based on searches of their phones. A doctor on an H-1B visa was deported to Lebanon after CBP found “sympathetic photos and videos” of Hezbollah leaders. A French scientist was turned away after a device search unearthed messages criticizing the Trump administration’s cuts to research programs, which officers said “conveyed hatred of Trump” and “could be qualified as terrorism.” As the administration ratchets up pressure to turn away even legal immigrants, its justifications are becoming thinner and thinner — but travelers can still benefit from knowing what are supposed to be their legal rights.

via la newsletter de CanardPC "Le pavé numérique", qui résume le sujet ainsi :
> Les multiplications des mésaventures aux États-Unis face à une police des frontières américaine fouillant dans les smartphones pose une question légitime : « faut-il voyager avec son téléphone aux États-Unis ? », et peut-on s’opposer à sa fouille ? D’après The Verge, c’est assez simple : si vous êtes un touriste à la frontière, vous n’avez à peu près aucun droit.

A rapprocher de [ceci][1], récemment partagé par SebSauvage.

[1]: https://sebsauvage.net/links/?GdEsDQ
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The Great Tit hunts... house Sparrow.( Very rare situation) - YouTube

OMG. Les mésanges sont des **tueuses**.
(Source : https://www.reddit.com/r/wallpapers/comments/61hh7x/a_tit_showing_off_its_prey/)

EDIT après une recherche rapide : c'est une adaptation aux effets du changement climatique... comme il y a moins d'insectes, elles s'attaquent aux autres oiseaux, voire à de petites chauve-souris.
https://www.mariefrance.fr/jardinage/mesanges-oiseau-redoutable-tueur-en-serie-jardin-1140270.html
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Venise 2 : le projet s’effondre, la méthode Koenders vacille selon le Collectif Sauvons les berges du Suzon - Dijon Actualités

> C’est une décision qui met fin à plus de deux ans et demi de mobilisation : le projet immobilier controversé Venise 2, prévu sur les berges du Suzon, est officiellement abandonné. L’annonce a été faite par la Maire de Dijon, Nathalie Koenders, lors du dernier Conseil municipal. Une victoire saluée avec émotion et détermination par le Collectif Sauvons les berges du Suzon, à l’origine de la contestation.

YES !!!

Bon, un mot pour toutes celles et ceux qui n'ont pas la chance d'habiter Dijon : c'était encore un de ces projets merdiques de constructions d'immeubles, sur un (gros) carré de terrain en bordure d'un ruisseau nommé le Suzon, dans une zone largement urbanisée par ailleurs. Cela faisait des années qu'un collectif se battait contre ce projet, c'est une grande et belle victoire. Dijon a suffisamment d'immeubles dans tous les sens (à Dijon, tu ne peux plus acheter de maison, tu peux juste vendre la tienne ; dans les 15 jours elle sera rasée et remplacée par un immeuble) pour qu'on puisse se permettre de préserver quelques ares. Et c'est un chouïa mieux que cette fumisterie de "fauchage tardif", où l'on préserve 50 cm d'herbes hautes dans un coin de parc.  

Bien évidemment, madame le maire s'est empressée de transformer cet abandon (que l'on peut penser motivé par les récentes décision du tribunal administratif annulant la délibération du Conseil municipal, puis celle annulant le permis de construire) en victoire du bon sens (le sien en l’occurrence) :
> Autre motif d’amertume, selon le collectif : ce qu’il perçoit comme une tentative de récupération politique de cette victoire citoyenne, à un an des élections municipales. La Maire a en effet déclaré que ce n’était pas la contestation qui l’avait fait reculer, mais « le bon sens« . Une affirmation que le collectif juge « lunaire« , y voyant une manière d’éviter de reconnaître le rôle crucial des habitant.e.s dans l’abandon du projet. « Doit-on comprendre que ce bon sens lui a soudainement été révélé ? Ou que son prédécesseur en manquait ?« , ironise le communiqué.
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Champollion - Bibliothèque municipale de Dijon

> Suite à un premier incendie à l’extérieur de la médiathèque dans la nuit du 16 au 17 février 2025 qui avait endommagé les vitres et le système électrique, un second incendie criminel a eu lieu dans la nuit de samedi 1er à dimanche 2 mars, juste après la réouverture de la médiathèque.
> Le feu s’est propagé à l’étage, dans l’espace adultes, détruisant ou rendant inutilisables la totalité du mobilier et des collections.

> Les pompiers sont rapidement intervenus et ont permis que le feu ne détruise pas le bâtiment mais la médiathèque sera fermée pendant plusieurs mois. Les services techniques de la Ville de Dijon sont à pied d’œuvre pour dresser l’état des lieux et préparer l’avenir.

> Nathalie Koenders a apporté son soutien aux habitants du quartier des Grésilles ainsi qu’au personnel de l’établissement, lors d’un grand rassemblement solidaire organisé lundi 3 mars.
> La médiathèque fait vivre la culture et le savoir au cœur des Grésilles, c’est un véritable lieu de vie et d’échange, un espace où l’on apprend, où l’on partage, où l’on grandit. « Nous ne nous laisserons ni intimider ni décourager. Nous continuerons d’agir pour que chaque Dijonnaise et chaque Dijonnais puisse vivre dignement, où qu’il habite. » a rappelé la maire de Dijon.

C'est pas récent, mais je le partage ici, pour faire part de mon profond dégout. Le quartier des Grésilles à Dijon n'est pas spécialement ce qu'on appellerait un quartier huppé, mais plutôt ce que les médias qualifieraient de "quartier sensible". Depuis pas loin de 20 ans, les différentes municipalités ont engagés de gros travaux : barres d'immeubles tombées, installation sur place d'administrations (ARS, CNFPT...), et d'une assez chouette médiathèque (même si j'ai toujours été assez dubitatif sur les choix architecturaux, mais OSEF c'est pas le sujet). Ça ne résout bien évidemment pas tout, même si je n'ai pas de chiffres, on voit assez facilement que les niveaux de pauvreté et de mixité ne sont pas les mêmes dans ce quartier qu'en centre-ville, par exemple...

Cela fait quelques années que surgissent de temps en temps des histoires de règlements de compte et de balles perdues. Trafic de drogue. Ça ne m'a jamais empêché d'aller à cette médiathèque (j'suis un peu inconscient sans doute). J'ai déjà vu des guetteurs alerter de l'arrivée des flics... Mais depuis le début de l'année, on a changé de registre. Les dealers ont décidé de s'attaquer aux symboles de l’État pour faire pression suite aux différentes descentes de police. Il y a [un premier incendie au centre de formation du CNFPT][1] un peu plus haut dans la rue. Puis un premier départ de feu à la médiathèque. Et là, un second incendie qui a brûlé toutes les collections du premier étage. Je suis dégouté, écœuré, scandalisé. Parce que ce sont en premier lieu les habitants du quartier qui en pâtissent. Cette médiathèque, elle était toujours blindée de gamins qui venaient faire leurs devoirs, lire des BD ou jouer à des jeux vidéo.

Je ne sais pas quand, et dans quelles conditions la médiathèque rouvrira. Mais elle rouvrira.

[1]: https://dijon-actualites.fr/2025/02/08/incendie-au-cnfpt-de-dijon-ou-est-passe-le-president-de-la-metropole-sinterroge-emmanuel-bichot/
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Reçu avant avant-hierChoses vues, sur le web et ailleurs

Vous êtes fatigués ?

> Elle est difficile à définir, cette fatigue, parce qu’elle est micro et macro. Elle se manifeste autant par nos cernes violacés dans le miroir le matin que par le long, très long soupir qu’on pousse après avoir fait une simulation retraite. Autant par le petit coup de barre post-prandial que par l’impression qu’on n’aura même pas la force d’attendre la prochaine deadline du GIEC. Elle est là depuis aussi loin qu’on se souvienne et on a appris à vivre avec, en répétant “naaaann c’est chaud en ce moment, mais ça devrait se calmer un peu la semaine prochaine” chaque semaine, jusqu’à ce qu’on meure.

> D’ailleurs, vous trouverez des gens qui appellent les Millennials la “Tired Generation”, ou même la “Burnout Generation”, une génération dont l’épuisement serait structurel car on les a élevés à performer en permanence et dans tous les domaines, avec la promesse que leurs efforts seraient récompensés et leur assureraient une stabilité, sauf qu’en en fait non (cf mon article sur le sujet). Mais y’en a d’autres qui disent que c’est la Gen Z, la “Tired Generation”. Perso, voici ma définition : si vous êtes en vie actuellement, que vous ne résidez pas dans une grotte ou sur une île déserte, et que vous n’êtes pas rentier·ère, alors vous êtes la Tired Generation. Et si vous avez des enfants mineurs, oubliez tous les critères, vous l’êtes quoiqu’il.

> Car je crois bien que la fatigue n’est pas juste un problème de société… elle en est l’un des piliers.

Oh. Merde. Je me suis reconnu à chaque putain de ligne.

EDIT : ayé, toulu. Un putain d'article **essentiel**, qui devrait vous faire vous reconnaître une ligne sur deux, pose les bases de ce qui ne va pas dans ce monde (spoiler : tout ; résumé : le capitalisme), liste les différents types de fatigue (vous y adhérez ou pas, c'est tout de même plutôt pertinent) et termine sur des propositions de solutions.

> Et il ne s’agit pas que de dormir. Pour en revenir au Dr Dalton-Smith, je vous laisse creuser son taf si ça vous intéresse (creusez pas trop non plus, je suspecte qu’elle finit par vendre une routine avec 48 techniques de repos à intégrer dans une journée, car, c’est connu, rien de mieux pour s’aérer la tête que d’ajouter des trucs à sa to-do) mais elle explique que pour chaque type de fatigue, il y a un type de repos différent. Bien sûr, pour la fatigue physique, il y a dormir, mais aussi des activités type yoga qui donnent de l’énergie. Pour la fatigue mentale et sensorielle, vous imaginez bien, il y a la méditation, et les pauses sans écran, surtout avant de dormir, mais aussi savoir se créer des moments de silence. C’est plus rigolo pour les autres : pour la fatigue créative il y a la nature, l’art, faire des activités créatives sans but précis. Pour l’émotionnelle il y a “dire non” et “exprimer ses émotions”. Pour le repos social, limiter les interactions énergivores, se recentrer sur celles qui font du bien et rechargent les batteries. Bref, plein de bon sens.

EDIT : via https://nicolas-delsaux.hd.free.fr/Shaarli/shaare/M2bPpA
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Y aura-t-il une alternative au technofascisme ? – Framablog

> Le livre du journaliste Thibault Prévost, Les prophètes de l’IA (Lux éditeur, 2024), a une grande vertu : nettoyer notre regard de ce qui l’embrume.

> Il permet d’abord de comprendre que la technologie ne mobilise pas tant des imaginaires, comme on l’entend trop souvent, mais bien des idéologies.

[..]

> Le livre de Thibault Prévost a une autre vertu. Il nous montre que les grands ingénieurs, les grands investisseurs, les grands entrepreneurs et les grands penseurs de l’IA sont tous complètement… tarés ! [...] Tous les grands gourous de la tech que Prévost évoque dans son livre (et il n’y a pas que Musk) semblent d’abord et avant tout des individus totalement perchés et parfaitement lunaires. Ils sont tous profondément eugénistes, comme le répète le chercheur Olivier Alexandre. Ils sont obsédés par le QI et la race. Ils ont à peu près tous tenu à un moment ou à un autre des propos racistes. Ils sont tous profondément opposés à la démocratie. Ils partagent tous des discours autoritaires. Derrière leurs récits, aussi barrés les uns que les autres, tous n’œuvrent qu’à leur propre puissance. A peu près tous partagent l’idée que ceux qui ne croient pas en leurs délires sont des parasites. Leur délire élitiste, eugéniste et cupide a de quoi inquiéter.  [...] ils semblent avant tout en voie de fascisation avancée.

[...]

> Le techno-solutionnisme progressiste qu’ils ont longtemps poussé a fait long feu : la Tech n’a produit aucun progrès social, bien au contraire. Ses solutions n’ont amélioré ni la démocratie, ni l’économie, ni l’égalité, ni l’espérance de vie… surtout quand on les compare aux technologies sociales du XXᵉ siècle comme l’hygiène publique, le développement des services publics ou la justice économique.

[...]

> Prévost rappelle que les machines nous trompent. Que l’automatisation est un leurre qui masque les ingénieurs et les travailleurs du clic qui font fonctionner les machines à distance. L’IA générative aussi. Nombre d’utilisateurs de ChatGPT l’abandonnent au bout d’une quarantaine de jours, comme un jouet qu’on finit par mettre de côté.

[...]

> L’IA n’est que la nouvelle ligne de front de la lutte des classes, où les systèmes d’analyse dégradent les conditions d’existence des plus mal notés, ce lumpenscoretariat. Sa grande force est d’avancer masqué, opaque, invisible à ceux qu’il précarise. Nous n’utilisons pas l’IA, mais nous y sommes déjà assujetties, explique très justement Prévost. Les systèmes de calculs se démultiplient partout. « Aucun d’entre eux n’est fiable, transparent ou interprétable. Nous vivons tous et toutes à la merci de l’erreur de calcul sans recours ».

[...]

>  « Si la Silicon Valley essaie de nous vendre l’apocalypse, c’est parce que son projet technique, économique et politique en est une ». Ce que veulent les milliardaires de la tech, c’est la fin du monde social pour imposer le leur. Avec l’élection de Trump, c’est exactement là où nous sommes. La Silicon Valley a obtenu ce qu’elle voulait, dit Brian Merchant.


via Seb
La tech, c'est d'abord et avant tout de l'idéologie. En l’occurrence, celle de préserver le fric et les privilèges de quelques milliardaires tarés (littéralement).

Articles en relation cités :
- https://danslesalgorithmes.net/2024/06/18/olivier-alexandre-big-data-big-boss-big-tech-les-trois-philosophies-de-la-tech/
- https://hubertguillaud.wordpress.com/2024/01/18/le-risque-fasciste-de-lia/
- https://synthmedia.fr/2024/11/culture/livres/ia-technofascisme-thibaut-prevost/
Et aussi : https://www.arretsurimages.net/equipe/thibault-prevost
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