Déjà en mode campagne électorale à Saint-Amand-les-Eaux !
Avant d’évoquer les sujets qui fâchent, parlons de ce qui a rassemblé cet hémicycle local. En effet, une motion de censure en faveur des agriculteurs touchés, notamment dans l’Amandinois, par un foyer de fièvre catarrhale ovine. Cette maladie touche les ruminants. « C’est une situation difficile à vivre pour les agriculteurs. Nous subissons beaucoup d’avortements. Dans ce cadre, nous avons besoin de vaccins et nous attendons ! », commente Didier Legrain, conseiller municipal et agriculteur. Ce dernier a interpellé le député afin de porter la doléance auprès des autorités. « J’ai envoyé un courrier le 25 août afin de réclamer dans l’urgence les vaccins nécessaires à la protection des animaux », indique Guillaume Florquin. Un deuxième courrier au gouvernement en fonction, quel que soit sa durée de vie, ne serait pas superfétatoire… ! Cette motion a été votée à l’unanimité, seul moment de concorde durant cette soirée agitée.
Une cure d’amaigrissement… de l’activité thermale ?
Un débat à couteaux tirés a émaillé ce conseil municipal concernant la thématique de l’activité thermale sur cette collectivité locale. Pour rappel, cette dernière s’était arrêtée en 1994, puis sous l’impulsion du nouveau maire, Alain Bocquet, une reprise inespérée de l’activité a été possible dès 1995. Le poids du Président du Groupe parlementaire du PCF, et figure de proue d’un collectif des villes thermales à l’Assemblée nationale, Alain Bocquet à l’époque, a joué en faveur de cette reprise salvatrice. « Nous n’avions jamais atteint plus de 3 200 curistes. Ensuite, depuis la reprise par la Chaîne Thermale du Soleil en 2012, nous avons atteint presque atteint 10 000 curistes avant la Covid. Aujourd’hui, le site thermal attire environ 8 500 curistes par an », commente Alain Bocquet.
Evidemment, les promesses de de la Chaîne thermale du Soleil, par le regretté Michel Guérard en personne, sur la rénovation très très lourde du Grand Hôtel, de l’ancien Casino, sont dans les oubliettes financières. Ça pique particulièrement, car il est évident que la commune n’a pas encore atteint le statut d’une commune dédiée tout en ayant une activité, la seule dans les Hauts de France, thermale.
Ensuite, inutile d’évoquer la dette publique, le budget de l’Etat contraint à une cure d’amaigrissement de ses dépenses et par capillarité le budget de la Sécurité sociale va, lui aussi, procéder à des coupes financières radicales. Déjà sauvé de peu, le déremboursement de la cure par la Sécurité sociale « nous pend au nez, alors qu’un grand nombre de curistes profite de cette prise en charge chez nous », commente Eric Castelain.
En résumé, le débat relaté dans la suite de l’article est à mettre en perspective avec le prochain budget voté, ou pas, de la Sécurité sociale. Le pourcentage d’un maintien de ce remboursement est particulièrement faible, mais possible, et la réflexion des différentes sensibilités politiques locales pourraient déjà se tourner vers le coup d’après… La peur n’évite pas le danger !
« Il y a eu des investissements conséquents sur le soin », David Leclercq
En 2018, autour de 5 partenaires de taille, un 1er Contrat thermal a été signé dont les objectifs étaient multiples autour de la promotion d’une activité et au delà du thermalisme sur Saint-Amand-les-Eaux. Cette signature avait fière allure avec Xavier Bertrand, Président de la région Hauts de France, Le Prefet de région, Michel Lalande, le Président de Valenciennes Métropole, Laurent Degallaix et le maire et Président de la Porte du Hainaut Alain Bocquet et bien sûr la représentante de la Chaîne Thermale du Soleil. Quels sont les acquis de ce contrat thermal après 5 ans, malgré la Covid ?
Jean-Marc Mondino, adjoint en charge du Tourisme et des équipements culturels, énumère les avancées notables liées à ce contrat thermal : « Nous avons eu une forte implication implication des différents partenaires publics sur le réaménagement du Coeur de Ville, la création du Pôle Séniors, la réhabilitation de l’église Saint-Martin et celle de la maison natale de Louise de Beignes en lieu unique dédié à l’égalité femmes-hommes ». Sur ce dernier point, rien n’est de trop pour les droits de la femme, l’atroce féminicide de Philippine nous rappelle que chaque initiative à une portée grande ou petite, il n’y a pas de petits et grands combats pour sensibiliser, pas de lieu en trop où la parole de la femme et son intégrité compte… Ensuite, il évoque le travail important sur la Scarpe, le Parc de la Scarpe, la mobilité intérieure avec le SIMOUV même si l’édile a alerté l’AOM (Autorité Organisatrice de Mobilité) suite à la nouvelle offre de transport public peu convaincante sur l’Amandinois, et enfin un effort de communication tous azimuts pour la promotion de la station thermale.
Pour David Leclercq, le tableau n’est pas si noir. Quand on se compare, on se rassure parfois ! : « Il faut respecter les salariés de la structure, et les 70 saisonniers chaque année. En comparaison des communes de 5 000 à 10 000 habitants, nous avons un taux d’occupation de 79,28% contre un maximum de 70% dans les communes thermales. Il y a eu des investissements conséquents sur le soin par La Chaîne Thermale du Soleil (et le nouvel espace d’accueil des curistes) ».
« Une coquille vide », Eric Renaud
Pour l’élu de l’opposition, ancien adjoint aux finances de la commune, le premier « Contrat de station thermale » n’est qu’une « coquille vide, malgré un démarrage plein d’espoir » et le deuxième en projet « un document pompeux et exubérant, il est en trompe l’oeil. J’ai listé la programmation éventuelle et l’addition chiffrée des projets de ce deuxième contrat, c’est 100 millions d’euros sur 5 ans (2024/2029) sachant que la ville dégage en investissement (avec subvention ou pas), de manière effective, 7 à 8 millions d’euros chaque année ».
« Rien n’est lié véritablement à la station thermale », Eric Castelain
Pour sa part, Eric Castelain n’est pas plus tendre avec ce contrat thermal, l’ancien comme le prochain à venir en fin d’année : « Rien n’est lié véritablement à la station thermale. Ce document pourrait correspondre à un programme de développement d’une collectivité locale, et pas spécifiquement une station thermale. Il n’y a aucune cohérence globale concernant le développement de l’activité thermale ». Comme évoqué plus haut, Eric Castelain met en exergue la coupure du robinet de la Sécurité sociale, un vrai sujet à méditer !
Pour conclure sur cette thématique brûlante, Alain Bocquet rappelle l’idée socle de ce « Contrat thermal ». « C’est une base d’un développement économique potentiel !». C’est une ambition et c’est déjà beaucoup. A ce titre, Jean-Marc Mondino souligne le passage de 5 partenaires à 13 ou 14. Les instituions régaliennes départementales et régionales, les EPCI, mais également la SNCF, le SIMOUV et bien au delà. Certes, certains contributeurs vont poursuivre leur soutien financier à la commune. Pour d’autres, seule la communication, voire la promotion dans leur réseau, pourraient traduire ce partenariat en faveur du développement de l’activité thermale. En clair, la multiplication des partenaires ne signifie pas une manne financière supplémentaire tombée du ciel, très loin s’en faut.
Une erreur de l’Etat en passant… l’air de rien !
Chacun connaît la prouesse pour toutes les collectivités locales afin de boucler un budget. Les services financiers communaux se basent, sur des données officielles, pour établir un prévisionnel des recettes en phase avec des dépenses. On le rappelle, à la différence de l’Etat, une commune doit voter un budget à l’équilibre ce qui n’empêche pas les dérapages en la matière au niveau national. Alors, une fois le budget primitif voté, lorsque vous apprenez que les bases fiscales sont réduites une fois, puis une deuxième fois, la pilule est dure à avaler.
Cette histoire n’arrive pas qu’aux autres, Sylvie Wiart présente cette improbable erreur suite « à un contentieux entre une entreprise amandinoise (de taille par essence) avec les services fiscaux, soit moins 1 344.450 euros, -8% de nos recettes fiscales (oups). Nous avons demandé des explications aux services des finances publiques. On nous a opposé le secret fiscal », commente l’adjoint aux finances. Pour rappel, une recette fiscale se situe dans la section fonctionnement.
« Notre section fonctionnement est contrainte et pas en capacité de combler cette baisse, c’est pourquoi, nous diminuons des crédits d’investissements à hauteur d’1,5 millions d’euros. On annule des crédits, mais pas les investissements qui sont reportés », commente l’adjointe aux finances.
Réactions en chaîne
Bien sûr, l’opposition fulmine. « Cette délibération interpelle. Je regrette le secret fiscal (article L 103 du livre des procédures fiscales), et le fait que nous ne connaissions pas l’origine de cette perte sèche. En effet, c’est 1 345.000 € en 2024 et donc en 2025 et les autres années. Je ne comprends pas la suppression des crédits d’emprunts d’un côté et le choix de faire un emprunt de l’autre de 2 millions d’euros. A ce titre, je demande officiellement un audit indépendant sur les finances publiques de la commune. Il n’y a pas de maîtrise des dépenses de fonctionnement, c’est une opération camouflage », indique Eric Renaud.
Pour Fabien Roussel, la pratique est connue et reconnue : « Des cabinets d’avocats sont spécialisés dans l’optimisation fiscale. Ils proposent aux entreprises de contourner la fiscalité, c’est légal, mais scandaleux vis à vis des recettes de l’Etat et des collectivités locales ».
Pour sa part, Eric Castelain émet un doute « pourquoi, j’ai la désagréable impression que vous mettez tout sur le dos de cette baisse de recettes fiscales ».
Pour autant, le maire acquiesce sur l’idée d’une procédure contentieuse à l’endroit de l’Etat : « Je partage votre avis. Avec l’accord du Conseil municipal, nous allons donc attaquer en justice (Tribunal administratif) l’Etat ».
Urgent d’attendre ou pas ?
Enfin, dans la lignée, le Conseil municipal a validé la signature d’un contrat de prêt à hauteur de 2 millions d’euros. « Notre budget primitif s’équilibrait déjà à travers cet emprunt », précise l’adjointe aux finances.
Ensuite, Eric Castelain suggère d’attendre en période de baisse des taux. En effet, la détente de la BCE et de la FED amène à penser qu’une baisse des taux est très probable. « Pourquoi se précipiter, nous pouvons attendre jusqu’en décembre » , indique l’élu de l’opposition.
Ce chassé-croisé mériterait une meilleure explication, plus transparente pour le grand public, sauf trésorerie en souffrance d’ici quelques semaines ce qui n’est pas non plus la fin du monde. Avec 112% du PIB en dette publique au niveau national, les Amandinois peuvent comprendre des soucis locaux de fin de mois.
Un service à la jeunesse optimisé en question
Autre sujet électrique durant ce Conseil municipal, le lancement d’une nouvelle prise en main d’un bâtiment en public Avenue du Clos est sur la table. L’objet est la rénovation lourde d’un édifice public « que nous avons essayé de vendre durant 15 ans. Nous avons reçu une seule proposition (pas retenue). Dans cette optique, nous ne pouvons pas laisser ce site sans rien en faire. De plus, il y a une demande de la jeunesse », indique Alain Bocquet.
Sur cet item, Florence Delférière justifie cette initiative. « Cette réalisation proposerait des activités pour les jeunes. Ce ne sera pas que des bureaux. Ces activités seraient complémentaires au local dans le quartier de l’Elnon où il n’y a que des jeunes du quartier. Nous pensons qu’un site central attirera plus la jeunesse de oute la commune ».
Sur ce dossier, Eric Renaud regrette la carence d’une vision globale sur ce quartier. Il y a plusieurs bâtiments disponibles maintenant où prochainement. « Par moment, il y a des agents qui rêvent dans les services », explique-t-il.
Une délibération comme un miroir sans tain
Cette délibération est éminemment intéressante. En effet, elle propose l’amélioration d’un service à la jeunesse sur la commune à travers un nouveau bâti public. Bien sûr, cela implique une hausse des dépenses de fonctionnement in fine. De l’autre côté, l’opposition pointe du doigt l’inutilité de cette offre de service, du fonctionnement en plus, car l’argent public n’est pas un puits sans fonds.
En conclusion, presque comme le premier conseil municipal de la campagne électorale 2026 à Saint-Amand-les-Eaux et ailleurs, il préfigure peut-être une réalité omniprésente. Au bout du bout, l’Etat va demander un effort significatif à toutes les collectivités territoriales et locales. Que la gouvernance soit de droite ou de gauche, la sobriété financière sera l’incontournable compagnon de route du mandat 2026/2032. Alors, allons-nous assister (encore) au concours Lepine du programme politique le plus merveilleux ou l’ambition raisonnable va-t-elle gagner les rangs de la politique de proximité ? Cette dernière hypothèse donnerait peut-être un exemple aux caciques nationaux dont la parole démonétisée est la constante. Gageons que l’exemple vienne d’en bas, c’est l’expression mode, et que les candidates et candidates à la fonction de maire présentent une ambition crédible tant sur les projets que sur les moyens de le financer sans dynamiter son budget comme celui des partenaires. Ça fait longtemps que l’on ne rêve plus en haut ni au coin de la rue.
Daniel Carlier
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