Enterrement « GĂ©ant » de lâESAD proposĂ© par la ville de Valenciennes et sa mĂ©tropole !
Membre de lâĂ©quipe pĂ©dagogique : « Depuis deux ans, nous somme menacĂ©s de reprĂ©sailles si nous communiquons avec la presse locale. »
En amont de cette triste journĂ©e, France 3 Hauts de France Ă©tait venue le 20 juin dernier pour les derniers examens des apprenants de lâESAD, https://france3-regions.franceinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/valenciennes/comment-achever-une-ecole-d-art-une-question-posee-par-les-etudiants-qui-vivent-la-fin-d-une-institution-bicentenaire-3174636.html , lâincomprĂ©hension globale transpire de ce reportage de terrain, alors grattons les traces de cet abandon culturel, car la ville de Valenciennes a refusĂ© de rĂ©pondre Ă la chaĂźne rĂ©gionale Ă cette occasion.

Ce vendredi 27 juin 2025, sous le soleil, les Ă©tudiants, enseignants, les agents techniques sâaffĂšrent, car lâaprĂšs-midi est singuliĂšre. ConcrĂštement, il faut assurer son enterrement avec un certain sourire et pour cela un collectif dâĂ©tudiants sâest tournĂ© vers la crĂ©ation dâun GĂ©ant, celui de Jean-Baptiste Carpeaux. « Nous voulions faire durer cette Ă©cole Ă travers une crĂ©ation artistique », souligne un apprenant. Conscient de ce moment singulier, lâassociation Valâen liesse, trĂšs prĂ©sente Ă cet Ă©vĂ©nement, sâexprime par François Durieux, son prĂ©sident : « Câest une lourde perte la fermeture de cette Ă©cole. Câest beaucoup de tristesse ! Nous rĂ©cupĂ©rons ce gĂ©ant de JB.Carpeaux, car il dĂ©filera pour le bicentenaire de Binbin les 29,30, et 31 aoĂ»t 2025 au cĂŽtĂ© de 50 autre gĂ©ants. » La municipalitĂ© laissera-t-elle le Droit au gĂ©ant « Carpeaux » de dĂ©filer, câest une question lĂ©gitime, car la consigne du silence est demandĂ©e aux Ă©quipes de lâESAD. « Depuis deux ans, nous sommes menacĂ©s de reprĂ©sailles si nous communiquons avec la presse locale. LĂ , une semaine avant la fermeture, on leur a dit. On va sâexprimer ! », explique un membre de lâĂ©quipe pĂ©dagogique.
La culture et le patrimoine à Valenciennes, la variable de tous les ajustements budgétaires !
Remontons un peu le film de cette inexplicable retrait de la ville et de son factotum, en lâespĂšce Valenciennes MĂ©tropole. Cela remonte tout simplement Ă lâarrivĂ©e de Laurent Degallaix aux manettes, en juillet 2012, suite au retrait de Dominique Riquet. En dix ans, les subventions seraient passĂ©es de 1,4 million dâeuros Ă 350.000 euros (source journal lâĂ©tudiant). Compte tenu que ces structures, avant tout territoriale, doivent se financer aux 2/3 par les collectivitĂ©s territoriales, le poison est lent et incurable.
Pourtant, nous pouvons mettre une date publique emblĂ©matique sur ce choix local et politique, celle du 31 mai 2022. Ce jour lĂ , Laurent Degallaix vient faire un discours Ă lâESAD sur lâancien site dâUsinor, Faubourg de Cambrai, aprĂšs un dĂ©mĂ©nagement loin du centre-ville de Valenciennes au XXIĂšme siĂšcle. Dans sa locution, une phrase retient lâattention « jamais la clĂ© sous la porte », mais pourtant lorsque vous lâĂ©coutez attentivement, lâintention finale ne trompe personne : « Je suis ouvert Ă toutes les solutions »⊠« Tous les champs des possibles »⊠« on ne pourra plus faire comme avant »⊠« Trop longtemps que nous remplaçons lâEtat »âŠet la proposition « dâune direction transitoire », car depuis cette pĂ©riode, lâESAD nâa pas fonctionnĂ© avec une direction propre ! Câest une fin programmĂ©e !
Le maire Ă©voque de nombreuses Ă©coles en voie de fermeture dans les Hauts de France dont Cambrai, sauf que ces fermetures en sĂ©rie nâont pas eu lieuâŠÂ« seulement Ă Perpignan et Ă Valenciennes. Il parle de la fermeture Ă Cambrai, mais elle existe toujours et occupe un site commun avec lâUPHF (UniversitĂ© Polytechnique Hauts de France). En fait, pendant de nombreux mois, nous avons eu des signaux contradictoires surtout face Ă des Conseils dâadministration oĂč rien ne se passait », sâexclame une Ă©tudiante participante Ă la dĂ©lĂ©gation, au printemps 2023, auprĂšs des MinistĂšres de lâEnseignement supĂ©rieur et de la culture (double casquette), nous y reviendrons !
Fin 2022, câest dĂ©jĂ pliĂ© !
Evidemment, une rĂ©duction des postes, des diminutions de frais de structure avec un hiver 2022/2023 dĂ©vastateur suite Ă la flambĂ©e Ă©nergĂ©tique, rien nây fait. La baisse des coĂ»ts nâarrive pas Ă contenir le dĂ©ficit structurel de lâESAD. A ce titre, les partenaires fondateurs ont versĂ© une subvention exceptionnelle de fonctionnement afin de boucler lâannĂ©e 2022.
Fin 2022, les autoritĂ©s nationales supĂ©rieures, et avis autorisĂ©s, dĂ©cident que lâESAD perdra son accrĂ©ditation auprĂšs des MinistĂšres de tutelle, de lâenseignement supĂ©rieur et de la culture, en 2025. Câest la fin programmĂ©e et le discours du 31 mai 2022 de Laurent Degallaix nâĂ©tait quâune mise en bouche dont lâissue ne faisait dĂ©jĂ plus aucun doute⊠sauf miracle ! Pour les habituĂ©s, la ligne du plus comme avant signifie toujours un changement radical sous peu, la ville va sortir du jeu Ă moyen terme.
Pour autant, lâensemble des acteurs de cette Ă©cole croyait encore Ă lâĂ©poque Ă un avenir pour lâESAD. NĂ©anmoins, pour les 4 membres fondateurs depuis 2016, suite Ă la rĂ©forme des EPCC (Ă©tablissement public de coopĂ©ration culturelle), ville de Valenciennes, Valenciennes MĂ©tropole, CCI Grand Hainaut, et lâEtat via la DRAC, le dĂ©part est proche et annoncĂ© deux ans avant afin de permettre la fin des cycles dĂ©jĂ entamĂ©s en art et en design Ă©co-social. Techniquement, en trois mois, la ville, la CAVM, et la CCI Grand Hainaut quittent lâEPCC et lâEtat nâa plus le droit, par statut, de poursuivre son exploitation mĂȘme si la rĂ©gion apportait, via une subvention, sa contribution annuelle.
Les Ă©tudiants sont sous le choc et manifestent en avril 2023 durant les Ă©pisodes contre la rĂ©forme des retraites https://www.va-infos.fr/2023/04/24/lesad-victime-de-la-logique-du-chequier-a-valenciennes/ ; un collectif national se rassemble sur Paris, car toutes les Ă©coles dâart et design, mais pas seulement, sont concernĂ©es par un financement en souffrance. Un fait tangible se dĂ©gage, Valenciennes a le vent dans le dos pour y arriver plus rapidement, car « câest un choix politique », rĂ©pĂšte inlassablement lâensemble des occupants de lâESAD.
160 Ă©tudiants avantâŠ
En septembre 2023, la messe est dite, lâESAD est retirĂ© du dispositif Parcours Sup. « Aujourdâhui, nous sommes encore 19 Ă©tudiants, 13 en Design et 6 en art Ă©co-social. Nous avions 160 Ă©tudiants sur ce site avant la Covid avec une reconnaissance LMD (Licence Master Doctorat) par les MinistĂšres », prĂ©cise un autre membre de lâĂ©quipe pĂ©dagogique. Consciemment ou inconsciemment, une concurrence est nĂ©e entre lâEcole de Design Rubika, Ă 9 000 euros lâannĂ©e mĂȘme si le boursiers sont acceptĂ©s aujourdâhui, et lâESAD Ă 640 euros par an et 460 euros pour les boursiers. De plus, Rubika, contrairement Ă lâESAD nâavait pas la reconnaissance de lâĂ©ducation nationale dans lâĂ©quivalence de ces diplĂŽmes, mais seulement depuis son passage en association en septembre 2021. Enfin, sur la filiĂšre Design, câest seulement depuis lâannĂ©e derniĂšre que le diplĂŽme Design Rubika est reconnu par lâEducation Nationale. Bien sĂ»r, ce propos nâest pas une remise en cause de lâexcellence historique de ces filiĂšre consulaires. Toutefois, la mĂȘme filiĂšre sans reconnaissance historique, dont lâĂ©paisseur du portefeuille des familles bĂ©nĂ©ficiaires est un peu diffĂ©rente, passe devant une Ă©cole dont la compĂ©tence est reconnue depuis bien longtemps par les MinistĂšres associĂ©s sauf que⊠; lâune coĂ»te Ă la collectivitĂ© territoriale et locale, lâautre pas du tout. En rĂ©sumĂ©, le dĂ©part de la CCI Grand Hainaut, trĂšs proche de la ville et de Valenciennes MĂ©tropole comme nous lâavons vu rĂ©cemment dans le choix de lâappel dâOffre de la CitĂ© des CongrĂšs (article 2Ăšme paragraphe https://www.va-infos.fr/2024/12/14/cite-des-congres-budget-2025-et-nouvel-appel-doffres-pour-lassainissement/ et des autres membres fondateurs Ă©taient concertĂ©s bien en amont.
La Direction transitoire nâest pas visĂ©e par les derniers rescapĂ©s, car « elle devait faire face Ă lâincroyable pression de la ville », ajoute un membre de lâĂ©quipe pĂ©dagogique. Pour autant, la rĂ©alitĂ© sâimpose, fin de lâaventure pĂ©dagogique de lâESAD le vendredi 27 Juin 2025, le 18 juillet marque la fin de lâactivitĂ© administrative, la fin des contrats le 31 aoĂ»t 2025 de tous les enseignants et personnels administratifs (14 enseignants, 7 techniciens et 2 administratifs), et la fermeture du site le 31 dĂ©cembre 2025. Le bĂątiment sera certainement vendu par Valenciennes MĂ©tropole, propriĂ©taire, dâici lĂ !
Comparaison nâest pas raison, mais Ă©clairant !
Evidemment, la chasse aux charges de fonctionnement est ouverte et la suppression de certains services Ă la population constitue une ligne de conduite pour de multiples Ă©diles, pour ne pas dire tous les maires. LâESAD fait donc partie de ce chemin au long cours initiĂ© par le maire de Valenciennes. Câest un choix politique culturel pour la ville de Valenciennes.
Toutefois, le maire rĂ©pĂšte Ă lâenvie depuis plusieurs annĂ©es que « Valenciennes est une ville pauvre » Ă tous les Ă©diles quâils croisent sur sa route protocolaire. Si vous additionnez le coĂ»t des stars Ă Valenciennes du 14 juillet venus depuis 2022, 2023, 2024, et 2025, sans remettre en question la qualitĂ© de ces derniers, vous arrivez tranquillement dans une fourchette entre 800 000 ⏠et 1 000 000 ⏠sans compter tous les frais de logistique Ă ces concerts, voire le feu dâartifice. Cette comparaison nâest pas populiste, mais dire que la commune est pauvre, visiblement pas pour tout le monde⊠! « Du pain (en bĂ©ton) et des jeux », ça a marchĂ© et cela peut marcher encore⊠!
Daniel Carlier
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