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Après des mois de déni, Horvilleur, Sinclair et Sfar ouvrent les yeux sur les massacres à Gaza et déclenchent la polémique | Mediapart

12 mai 2025 à 10:15

Après des mois de déni, Horvilleur, Sinclair et Sfar ouvrent les yeux sur les massacres à Gaza et déclenchent la polémique

Plusieurs personnalités de la communauté juive, avançant qu’elles s’étaient jusqu’ici faites discrètes pour ne pas alimenter l’antisémitisme, ont décidé de dénoncer publiquement les crimes israéliens en Palestine. Certains défenseurs de la cause palestinienne jugent ce revirement courageux, d’autres un mea culpa hypocrite.

Pauline Graulle

10 mai 2025 à 19h30

EstEst-ce dû à l’annonce récente du renforcement par Israël de sa guerre génocidaire contre la bande de Gaza et son plan d’occupation totale ? À la famine que montrent des photos d’enfants aux corps rachitiques ? Aux images de milliers de camions chargés d’aide humanitaire bloqués par l’armée israélienne depuis le 2 mars ?

Depuis deux jours, la tectonique des plaques médiatico-politiques bouge en France. Plusieurs figures de la communauté juive française ont ainsi décidé de « sortir du silence » pour condamner solennellement les massacres à Gaza.

Tout a commencé jeudi 8 mai, avec la publication – en français et en hébreu – d’un texte de Delphine Horvilleur sur le site de la revue Tenou’a. Dans son éditorial, la rabbine, réputée progressiste mais très critiquée par une partie de la gauche pour sa réticence à condamner les crimes d’Israël en Palestine, fait, pour la première fois, amende honorable : « J’ai parfois bâillonné ma parole, pour éviter qu’elle ne nourrisse les immondices de ceux […] qui diabolisent et déshumanisent un peuple […]. J’ai censuré mes mots face à ceux qui trouvent des excuses à une déferlante antisémite “ici” au nom d’une justice absente “là‐bas”. […] Je me suis tue mais, aujourd’hui, il me semble urgent de reprendre la parole », écrit-elle.
Illustration 1
La rabbine Delphine Horvilleur et le dessinateur Joann Sfar (au second plan à droite) à un rassemblement contre l’antisémitisme à Paris, 23 mars 2025. © Photo Laurent Ferriere / Hans Lucas via AFP

Soulignant que c’est par « amour d’Israël » qu’elle appelle désormais ce pays à un « sursaut de conscience » au nom du « refus absolu de l’annihilation d’un autre peuple », elle critique en creux la « déroute politique et [la] faillite morale » du gouvernement Nétanyahou – jamais nommé dans le texte. Et exhorte à « soutenir ceux qui savent que, sans avenir pour le peuple palestinien, il n’y en a aucun pour le peuple israélien ».

Le lendemain, vendredi 9 mai, Anne Sinclair a publié un texte d’une teneur similaire. « La légitimité de cette guerre après le 7-Octobre n’est pas à remettre en cause […]. Mais la forme des actions que mène l’armée israélienne à Gaza à la demande du gouvernement de Nétanyahou est indéfendable », juge-t-elle. Dans Le Point, le 5 mars 2024, la journaliste dénonçait déjà le « gouvernement extrémiste de Benyamin Nétanyahou » : « Le calvaire des mères ou des vieillards, la mort et la mutilation des enfants ne peuvent nous laisser, nous, juifs, indifférents et silencieux. Il est temps que cela s’arrête. Rien au monde ne peut venger les atrocités du 7-Octobre, et en tout cas pas l’écrasement et la famine d’une population civile », avait-elle martelé.

Son texte, comme celui de Delphine Horvilleur, a été relayé, ce même vendredi 9 mai, par le dessinateur Joann Sfar, qui s’est lui aussi livré à un exercice de contrition. « Delphine Horvilleur a eu le courage de prendre la parole et nous devons être nombreux à prendre la parole contre la fuite en avant à laquelle nous assistons », écrit-il sur les réseaux sociaux, publiant dans la foulée plusieurs planches, dessinées ou non, sur lesquelles il estime par exemple « qu’il est contraire à la morale humaine et à l’éthique juive de se taire […] face au nettoyage ethnique ».
Des silences et des mots

Ces prises de parole interviennent après des mois durant lesquels les mêmes s’étaient faits discrets face au massacre des Palestiniens, pourtant dénoncé par l’ensemble des organisations internationales. Dès mars 2024, la rapporteuse spéciale des Nations unies, Francesca Albanese, estimait ainsi qu’il existait « des motifs raisonnables de croire que le seuil permettant de qualifier la situation de génocide a[vait] été atteint ». Le 5 décembre, Amnesty International, la plus importante ONG de défense des droits humains, « après des mois d’enquête, de collecte de preuves et d’analyses juridiques », publiait un rapport démontrant « que les autorités israéliennes commett[aient] un crime de génocide contre la population palestinienne de Gaza ».

Or, loin d’avoir « bâillonné [leur] parole », tant Delphine Horvilleur qu’Anne Sinclair ou Joann Sfar se sont jusqu’alors montrés plus loquaces pour dénoncer le Hamas que le gouvernement d’extrême droite de Nétanyahou, pour vilipender l’utilisation du mot « génocide », ou pour jeter bruyamment l’opprobre sur certains militants, notamment des Insoumis, dont les positions contre le conflit ont été souvent soupçonnées d’être teintées d’antisémitisme.

Comme ce 22 juillet 2024, où Delphine Horvilleur repartageait sur le réseau social X un post d’un dessin de Plantu représentant le député LFI Thomas Portes bandeau vert – couleur de l’islam – autour de sa boîte crânienne et le pied posé sur la tête d’un Israélien décapité. Au printemps de la même année, elle se faisait également l’écho de Caroline Fourest – autrice de la sortie polémique «On ne peut pas comparer le fait d’avoir tué des enfants délibérément comme le Hamas, et le fait de les tuer involontairement comme Israël » – et de l’« enquête sur l’accusation rituelle de “génocide” » de son journal Franc-Tireur.

Quelques semaines auparavant, l’intellectuelle avait aussi partagé un post de Raphaël Enthoven citant Philippe Val : « “Je n’ai pas de problème avec les juifs mais seulement avec l’État d’Israël”, c’est LA formule du nouvel antisémitisme qui tue, qui menace, qui persécute, qui viole et qui se répand, à notre plus grande honte, dans nos démocraties modernes. »

Depuis le 7-Octobre, le parcours est sensiblement le même pour Anne Sinclair. En décembre 2024, cette dernière se faisait le relais d’une tribune de « l’humoriste » Sophia Aram – une « femme libre et intelligente dans un monde de plus en plus envahi par les fanatiques et les idéologues » – remettant violemment en cause les accusations de « génocide » avancées selon elles pour « masquer le pogrom du 7-Octobre ».

Quelques jours auparavant, elle avait également partagé sur X, tout comme Delphine Horvilleur, un post de la chroniqueuse de France Inter renommant l’Insoumis Aymeric Caron, très engagé en défense des Palestiniens, en « Abou Aymeric el Versailly ». Une sortie qui avait alors beaucoup choqué, de la gauche insoumise jusqu’au premier secrétaire du PS, Olivier Faure, lequel avait jugé que cela « confin[ait] au racisme en laissant penser que tous les noms à consonance arabe sont suspects ».

Quant à Joann Sfar, contempteur acharné de LFI qu’il qualifie de « premier parti antisémite de France », il signait, comme Anne Sinclair, Manuel Valls ou Yvan Attal, une tribune en soutien au collectif controversé « Nous vivrons » il y a quelques mois. En janvier, il estimait par ailleurs sur Radio J que parler de génocide ne servait à rien car « on sauve aucun Palestinien, et on fait taire en France des gens qui pourraient être partenaires de dialogue », comme il avait déjà estimé que « parler d’apartheid israélien [était] le meilleur moyen de fermer le débat » dans d’autres médias.
Mieux vaut tard que jamais ?

Comment accueillir, dès lors, ces prises de conscience tardives ? Si, du PS à François Ruffin, plusieurs responsables de gauche ont trouvé courageux ou salutaire ce changement de pied, certains soutiens de la cause palestinienne, notamment celles et ceux qui avaient été pris pour cibles par les trois personnes précitées, ont, depuis jeudi, fait part de leur colère face à ce qu’ils estiment n’être qu’une « opération de communication » ou une révélation « hypocrite ».

C’est par exemple le cas d’Akram Belkaïd, rédacteur en chef au Monde diplomatique, qui a publié sur son blog un billet intitulé « Gaza : quand Tartuffe s’indigne » : « Comme nombre de personnalités médiatiques qui prétendent décerner seuls les brevets d’humanisme (Joann Sfar, Anne Sinclair), [Delphine Horvilleur] a jusque-là contribué par ses sorties régulières à diaboliser les voix qui, dès octobre 2023, ont mis en garde contre le risque évident de génocide à Gaza », observe-t-il.

Nos personnes et nos ego n’ont aucune importance au regard de ce qui est en cause aujourd’hui.

Vincent Lemire, historien

Loin de se féliciter qu’enfin, les yeux se dessillent sur la violence de l’armée israélienne, l’eurodéputée insoumise Rima Hassan s’est quant à elle également fendue d’un message acide sur les réseaux sociaux : « C’est votre propre inconfort moral qui vous fait parler, pas votre sincère empathie vis-à-vis des Palestiniens et de leurs revendications (parce que ce sont d’abord des sujets politiques et non humanitaires) », cingle-t-elle à l’attention de Delphine Horvilleur.

« Il vous aura donc fallu attendre au moins 80 000 morts, dont au moins 20 000 enfants, pour reprendre nos mots à nous, les défenseurs du droit international. Vous devez des excuses. Non pas à nous, que vous insultez et harcelez. Mais aux Palestiniens, que votre silence pendant un an et demi a autorisé à exterminer », a quant à lui commenté le député insoumis Aymeric Caron.

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Contre la faim à Gaza, les mots ne suffisent plus
2 mai 2025

Moins sévère, Vincent Lemire, spécialiste de l’histoire du conflit israélo-palestinien qui avait alerté sur le projet de nettoyage ethnique de Gaza depuis décembre 2023, a publié sur X un thread appelant à dépasser les rancœurs : « Nos personnes et nos ego n’ont aucune importance au regard de ce qui est en cause aujourd’hui : un crime contre l’humanité, contre notre commune humanité. Concentrons donc toute notre énergie à rassembler, le plus largement possible, pour agir », a-t-il exhorté, qualifiant d’« admirable » le texte de Delphine Horvilleur.
Le « mea culpa » de Yaël Braun-Pivet

Ces derniers temps, il n’y a pas que dans la sphère intello-médiatique que les choses ont commencé à bouger. Le 10 avril, sur France Inter, c’est Yaël Braun-Pivet, la présidente macroniste de l’Assemblée nationale, qui reconnaissait, pour la première fois, son « tort » d’avoir exprimé son « soutien inconditionnel » à Israël, au lendemain des attaques terroristes commises par le Hamas le 7 octobre 2023. « J’ai eu tort de choisir ce mot, parce qu’il […] a été compris de telle sorte que ça ne correspond pas à ce que je voulais dire », a-t-elle justifié, soulignant qu’elle pensait alors apporter son « soutien inconditionnel » à l’État d’Israël et non à la politique de Benyamin Nétanyahou.

Si son rétropédalage sur le « soutien inconditionnel » a été salué par certains à gauche – Jean-Luc Mélenchon s’est félicité que « ces gens [Yaël Braun-Pivet et Emmanuel Macron – ndlr ] comprennent enfin que la solution politique est la seule possible » –, il résonne là encore curieusement, dix-huit mois après les faits. Durant cette période, la députée des Yvelines, qui n’est jamais revenue sur ses propos – elle aurait pourtant eu tout le loisir de s’en expliquer au vu du flot ininterrompu de critiques venant de la gauche mais aussi de son propre camp –, s’est en effet montrée intraitable, notamment dans l’hémicycle, sur la question de la guerre au Proche-Orient.

Le 28 mai 2024, elle prononçait ainsi la plus haute sanction prévue par le règlement – à savoir une exclusion temporaire – à l’égard de l’Insoumis Sébastien Delogu qui avait déployé un drapeau palestinien dans l’hémicycle. La sévérité de la sanction avait fait bondir, y compris au PS : « Cela donne l’impression qu’on préfère parler d’un drapeau plutôt que de ce qui se passe là-bas », avait alors pointé le socialiste Arthur Delaporte.

Pauline Graulle


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Après des mois de déni, Horvilleur, Sinclair et Sfar ouvrent les yeux sur les massacres à Gaza et déclenchent la polémique | Mediapart

12 mai 2025 à 10:15

Après des mois de déni, Horvilleur, Sinclair et Sfar ouvrent les yeux sur les massacres à Gaza et déclenchent la polémique

Plusieurs personnalités de la communauté juive, avançant qu’elles s’étaient jusqu’ici faites discrètes pour ne pas alimenter l’antisémitisme, ont décidé de dénoncer publiquement les crimes israéliens en Palestine. Certains défenseurs de la cause palestinienne jugent ce revirement courageux, d’autres un mea culpa hypocrite.

Pauline Graulle

10 mai 2025 à 19h30

EstEst-ce dû à l’annonce récente du renforcement par Israël de sa guerre génocidaire contre la bande de Gaza et son plan d’occupation totale ? À la famine que montrent des photos d’enfants aux corps rachitiques ? Aux images de milliers de camions chargés d’aide humanitaire bloqués par l’armée israélienne depuis le 2 mars ?

Depuis deux jours, la tectonique des plaques médiatico-politiques bouge en France. Plusieurs figures de la communauté juive française ont ainsi décidé de « sortir du silence » pour condamner solennellement les massacres à Gaza.

Tout a commencé jeudi 8 mai, avec la publication – en français et en hébreu – d’un texte de Delphine Horvilleur sur le site de la revue Tenou’a. Dans son éditorial, la rabbine, réputée progressiste mais très critiquée par une partie de la gauche pour sa réticence à condamner les crimes d’Israël en Palestine, fait, pour la première fois, amende honorable : « J’ai parfois bâillonné ma parole, pour éviter qu’elle ne nourrisse les immondices de ceux […] qui diabolisent et déshumanisent un peuple […]. J’ai censuré mes mots face à ceux qui trouvent des excuses à une déferlante antisémite “ici” au nom d’une justice absente “là‐bas”. […] Je me suis tue mais, aujourd’hui, il me semble urgent de reprendre la parole », écrit-elle.
Illustration 1
La rabbine Delphine Horvilleur et le dessinateur Joann Sfar (au second plan à droite) à un rassemblement contre l’antisémitisme à Paris, 23 mars 2025. © Photo Laurent Ferriere / Hans Lucas via AFP

Soulignant que c’est par « amour d’Israël » qu’elle appelle désormais ce pays à un « sursaut de conscience » au nom du « refus absolu de l’annihilation d’un autre peuple », elle critique en creux la « déroute politique et [la] faillite morale » du gouvernement Nétanyahou – jamais nommé dans le texte. Et exhorte à « soutenir ceux qui savent que, sans avenir pour le peuple palestinien, il n’y en a aucun pour le peuple israélien ».

Le lendemain, vendredi 9 mai, Anne Sinclair a publié un texte d’une teneur similaire. « La légitimité de cette guerre après le 7-Octobre n’est pas à remettre en cause […]. Mais la forme des actions que mène l’armée israélienne à Gaza à la demande du gouvernement de Nétanyahou est indéfendable », juge-t-elle. Dans Le Point, le 5 mars 2024, la journaliste dénonçait déjà le « gouvernement extrémiste de Benyamin Nétanyahou » : « Le calvaire des mères ou des vieillards, la mort et la mutilation des enfants ne peuvent nous laisser, nous, juifs, indifférents et silencieux. Il est temps que cela s’arrête. Rien au monde ne peut venger les atrocités du 7-Octobre, et en tout cas pas l’écrasement et la famine d’une population civile », avait-elle martelé.

Son texte, comme celui de Delphine Horvilleur, a été relayé, ce même vendredi 9 mai, par le dessinateur Joann Sfar, qui s’est lui aussi livré à un exercice de contrition. « Delphine Horvilleur a eu le courage de prendre la parole et nous devons être nombreux à prendre la parole contre la fuite en avant à laquelle nous assistons », écrit-il sur les réseaux sociaux, publiant dans la foulée plusieurs planches, dessinées ou non, sur lesquelles il estime par exemple « qu’il est contraire à la morale humaine et à l’éthique juive de se taire […] face au nettoyage ethnique ».
Des silences et des mots

Ces prises de parole interviennent après des mois durant lesquels les mêmes s’étaient faits discrets face au massacre des Palestiniens, pourtant dénoncé par l’ensemble des organisations internationales. Dès mars 2024, la rapporteuse spéciale des Nations unies, Francesca Albanese, estimait ainsi qu’il existait « des motifs raisonnables de croire que le seuil permettant de qualifier la situation de génocide a[vait] été atteint ». Le 5 décembre, Amnesty International, la plus importante ONG de défense des droits humains, « après des mois d’enquête, de collecte de preuves et d’analyses juridiques », publiait un rapport démontrant « que les autorités israéliennes commett[aient] un crime de génocide contre la population palestinienne de Gaza ».

Or, loin d’avoir « bâillonné [leur] parole », tant Delphine Horvilleur qu’Anne Sinclair ou Joann Sfar se sont jusqu’alors montrés plus loquaces pour dénoncer le Hamas que le gouvernement d’extrême droite de Nétanyahou, pour vilipender l’utilisation du mot « génocide », ou pour jeter bruyamment l’opprobre sur certains militants, notamment des Insoumis, dont les positions contre le conflit ont été souvent soupçonnées d’être teintées d’antisémitisme.

Comme ce 22 juillet 2024, où Delphine Horvilleur repartageait sur le réseau social X un post d’un dessin de Plantu représentant le député LFI Thomas Portes bandeau vert – couleur de l’islam – autour de sa boîte crânienne et le pied posé sur la tête d’un Israélien décapité. Au printemps de la même année, elle se faisait également l’écho de Caroline Fourest – autrice de la sortie polémique «On ne peut pas comparer le fait d’avoir tué des enfants délibérément comme le Hamas, et le fait de les tuer involontairement comme Israël » – et de l’« enquête sur l’accusation rituelle de “génocide” » de son journal Franc-Tireur.

Quelques semaines auparavant, l’intellectuelle avait aussi partagé un post de Raphaël Enthoven citant Philippe Val : « “Je n’ai pas de problème avec les juifs mais seulement avec l’État d’Israël”, c’est LA formule du nouvel antisémitisme qui tue, qui menace, qui persécute, qui viole et qui se répand, à notre plus grande honte, dans nos démocraties modernes. »

Depuis le 7-Octobre, le parcours est sensiblement le même pour Anne Sinclair. En décembre 2024, cette dernière se faisait le relais d’une tribune de « l’humoriste » Sophia Aram – une « femme libre et intelligente dans un monde de plus en plus envahi par les fanatiques et les idéologues » – remettant violemment en cause les accusations de « génocide » avancées selon elles pour « masquer le pogrom du 7-Octobre ».

Quelques jours auparavant, elle avait également partagé sur X, tout comme Delphine Horvilleur, un post de la chroniqueuse de France Inter renommant l’Insoumis Aymeric Caron, très engagé en défense des Palestiniens, en « Abou Aymeric el Versailly ». Une sortie qui avait alors beaucoup choqué, de la gauche insoumise jusqu’au premier secrétaire du PS, Olivier Faure, lequel avait jugé que cela « confin[ait] au racisme en laissant penser que tous les noms à consonance arabe sont suspects ».

Quant à Joann Sfar, contempteur acharné de LFI qu’il qualifie de « premier parti antisémite de France », il signait, comme Anne Sinclair, Manuel Valls ou Yvan Attal, une tribune en soutien au collectif controversé « Nous vivrons » il y a quelques mois. En janvier, il estimait par ailleurs sur Radio J que parler de génocide ne servait à rien car « on sauve aucun Palestinien, et on fait taire en France des gens qui pourraient être partenaires de dialogue », comme il avait déjà estimé que « parler d’apartheid israélien [était] le meilleur moyen de fermer le débat » dans d’autres médias.
Mieux vaut tard que jamais ?

Comment accueillir, dès lors, ces prises de conscience tardives ? Si, du PS à François Ruffin, plusieurs responsables de gauche ont trouvé courageux ou salutaire ce changement de pied, certains soutiens de la cause palestinienne, notamment celles et ceux qui avaient été pris pour cibles par les trois personnes précitées, ont, depuis jeudi, fait part de leur colère face à ce qu’ils estiment n’être qu’une « opération de communication » ou une révélation « hypocrite ».

C’est par exemple le cas d’Akram Belkaïd, rédacteur en chef au Monde diplomatique, qui a publié sur son blog un billet intitulé « Gaza : quand Tartuffe s’indigne » : « Comme nombre de personnalités médiatiques qui prétendent décerner seuls les brevets d’humanisme (Joann Sfar, Anne Sinclair), [Delphine Horvilleur] a jusque-là contribué par ses sorties régulières à diaboliser les voix qui, dès octobre 2023, ont mis en garde contre le risque évident de génocide à Gaza », observe-t-il.

Nos personnes et nos ego n’ont aucune importance au regard de ce qui est en cause aujourd’hui.

Vincent Lemire, historien

Loin de se féliciter qu’enfin, les yeux se dessillent sur la violence de l’armée israélienne, l’eurodéputée insoumise Rima Hassan s’est quant à elle également fendue d’un message acide sur les réseaux sociaux : « C’est votre propre inconfort moral qui vous fait parler, pas votre sincère empathie vis-à-vis des Palestiniens et de leurs revendications (parce que ce sont d’abord des sujets politiques et non humanitaires) », cingle-t-elle à l’attention de Delphine Horvilleur.

« Il vous aura donc fallu attendre au moins 80 000 morts, dont au moins 20 000 enfants, pour reprendre nos mots à nous, les défenseurs du droit international. Vous devez des excuses. Non pas à nous, que vous insultez et harcelez. Mais aux Palestiniens, que votre silence pendant un an et demi a autorisé à exterminer », a quant à lui commenté le député insoumis Aymeric Caron.

À lire aussi
Contre la faim à Gaza, les mots ne suffisent plus
2 mai 2025

Moins sévère, Vincent Lemire, spécialiste de l’histoire du conflit israélo-palestinien qui avait alerté sur le projet de nettoyage ethnique de Gaza depuis décembre 2023, a publié sur X un thread appelant à dépasser les rancœurs : « Nos personnes et nos ego n’ont aucune importance au regard de ce qui est en cause aujourd’hui : un crime contre l’humanité, contre notre commune humanité. Concentrons donc toute notre énergie à rassembler, le plus largement possible, pour agir », a-t-il exhorté, qualifiant d’« admirable » le texte de Delphine Horvilleur.
Le « mea culpa » de Yaël Braun-Pivet

Ces derniers temps, il n’y a pas que dans la sphère intello-médiatique que les choses ont commencé à bouger. Le 10 avril, sur France Inter, c’est Yaël Braun-Pivet, la présidente macroniste de l’Assemblée nationale, qui reconnaissait, pour la première fois, son « tort » d’avoir exprimé son « soutien inconditionnel » à Israël, au lendemain des attaques terroristes commises par le Hamas le 7 octobre 2023. « J’ai eu tort de choisir ce mot, parce qu’il […] a été compris de telle sorte que ça ne correspond pas à ce que je voulais dire », a-t-elle justifié, soulignant qu’elle pensait alors apporter son « soutien inconditionnel » à l’État d’Israël et non à la politique de Benyamin Nétanyahou.

Si son rétropédalage sur le « soutien inconditionnel » a été salué par certains à gauche – Jean-Luc Mélenchon s’est félicité que « ces gens [Yaël Braun-Pivet et Emmanuel Macron – ndlr ] comprennent enfin que la solution politique est la seule possible » –, il résonne là encore curieusement, dix-huit mois après les faits. Durant cette période, la députée des Yvelines, qui n’est jamais revenue sur ses propos – elle aurait pourtant eu tout le loisir de s’en expliquer au vu du flot ininterrompu de critiques venant de la gauche mais aussi de son propre camp –, s’est en effet montrée intraitable, notamment dans l’hémicycle, sur la question de la guerre au Proche-Orient.

Le 28 mai 2024, elle prononçait ainsi la plus haute sanction prévue par le règlement – à savoir une exclusion temporaire – à l’égard de l’Insoumis Sébastien Delogu qui avait déployé un drapeau palestinien dans l’hémicycle. La sévérité de la sanction avait fait bondir, y compris au PS : « Cela donne l’impression qu’on préfère parler d’un drapeau plutôt que de ce qui se passe là-bas », avait alors pointé le socialiste Arthur Delaporte.

Pauline Graulle


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Ophelay "Se Marier Oui, Mais Pas a Tout Prix" - YouTube

12 mai 2025 à 08:57

C'est tout à fait ça ! C'est sûr que certaines d'entre-nous naviguent hors-sol avec leurs critères venus d'IG mais la graaaaaande majorité d'hommes que je côtoie, ne serait-ce que ceux à mon travail, est clairement en-dessous du minimum syndical 🙅‍♀️.

Le premier critère pour moi étant l'hygiène corporelle 🙊 ! En début de journée, sentir aussi fort qu'un type qui a bossé 8h sur un chantier en plein cagnard, alors qu'on a le cul assis toute la journée dans une piece climatisée, juste je ne comprends pas 🤷‍♀️

Vive le télétravail rien que pour ça !
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Pape Léon XIV : ce que Robert Francis Prevost avait en tête en choisissant son nom de souverain pontife

12 mai 2025 à 05:54
Robert - qui veut maintenant qu'on l'appelle Léon - va continuer à dire aux personnes trans qu'elles ne peuvent pas s'appeller comme elles veulent parce que ce n'est pas la volonté de Dieu.
Le mec habillé en robe aux couleurs chatoyantes va continuer à dire aux femmes trans qu'elles ne devraient pas porter de robe.
Le mec qui a fait voeux de chasteté va continuer à vomir ses avis péremptoires sur les LGBT en leur disant comment ils doivent vivre leur sexualité.
Le mec qui a juré de ne pas fonder de famille va continuer à dicter au reste du monde ce que doit être une famille et comment elle doit fonctionner.
Pardonnez-moi si - vu le passif de la hiérarchie catholique - je n'ai toujours pas envie de m'enthousiasmer. (Vous voulez aussi qu'on reparle de la pédophilie passée sous silence, ou bien de la collaboration avec le Reich ?)
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Reçu hier — 11 mai 2025Shaarlist

En librairies : Giuseppe Santoliquido, Sam Sax, Stéphanie Garzanti… – Libération

TIL : la vie de Raphaël Lemkin, l'inventeur du crime de génocide.

> Si le nom de Raphaël Lemkin – l’homme qui a introduit dans la législation internationale la notion de génocide – n’évoque rien ou presque, on sera véritablement «saisi» par cet ouvrage, à double titre. D’abord par le contenu du livre, paru en 1944 sous le titre d’Axis Rule in Occupied Europe, qui recueille méticuleusement toute la législation antisémite des dix-neuf pays occupés par l’Allemagne, et qui, à partir d’une première proposition d’inclure la barbarie et le vandalisme dans les crimes de guerre, parvient ensuite à la notion de génocide, telle qu’elle sera adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948 à Paris. Cette notion, Lemkin l’avait défendue toute sa vie, et étendue par exemple à l’Holodomor, (l’«extermination par la faim», à savoir la grande famine organisée par le pouvoir soviétique en Ukraine et dans le Kouban, qui fit des millions de morts) mais aussi aux tentatives d’écraser la culture, la langue, le territoire d’un peuple. L’autre intérêt de cet ouvrage, est justement la vie même de Lemkin, qui dut se confronter aux pogroms et aux persécutions, qui perdit presque toute sa famille dans les camps, enseigna le droit en Pologne et aux Etats Unis, se ruina l’existence à tenter d’imposer son idée aux juristes internationaux, et, seul, sans un sou, finit par mourir sur le banc d’un arrêt d’autobus de la 42e rue à New York, le 28 août 1959. A l’enterrement de celui qui donna un nom aux «crimes sans nom» dont parlait Churchill, assistèrent sept personnes.
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En librairies : Giuseppe Santoliquido, Sam Sax, Stéphanie Garzanti… – Libération

11 mai 2025 à 20:24
TIL : la vie de Raphaël Lemkin, l'inventeur du crime de génocide.

> Si le nom de Raphaël Lemkin – l’homme qui a introduit dans la législation internationale la notion de génocide – n’évoque rien ou presque, on sera véritablement «saisi» par cet ouvrage, à double titre. D’abord par le contenu du livre, paru en 1944 sous le titre d’Axis Rule in Occupied Europe, qui recueille méticuleusement toute la législation antisémite des dix-neuf pays occupés par l’Allemagne, et qui, à partir d’une première proposition d’inclure la barbarie et le vandalisme dans les crimes de guerre, parvient ensuite à la notion de génocide, telle qu’elle sera adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948 à Paris. Cette notion, Lemkin l’avait défendue toute sa vie, et étendue par exemple à l’Holodomor, (l’«extermination par la faim», à savoir la grande famine organisée par le pouvoir soviétique en Ukraine et dans le Kouban, qui fit des millions de morts) mais aussi aux tentatives d’écraser la culture, la langue, le territoire d’un peuple. L’autre intérêt de cet ouvrage, est justement la vie même de Lemkin, qui dut se confronter aux pogroms et aux persécutions, qui perdit presque toute sa famille dans les camps, enseigna le droit en Pologne et aux Etats Unis, se ruina l’existence à tenter d’imposer son idée aux juristes internationaux, et, seul, sans un sou, finit par mourir sur le banc d’un arrêt d’autobus de la 42e rue à New York, le 28 août 1959. A l’enterrement de celui qui donna un nom aux «crimes sans nom» dont parlait Churchill, assistèrent sept personnes.
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Black Nazi rapper Ye admits gay incestual relationship with cousin - LGBTQ Nation - Liens en vrac de sebsauvage

11 mai 2025 à 18:43

@Sebsauvage je n'ai pas lu de postes depuis 2 semaines et je tombe en premier sur le tien et je pense que tu ne te rends pas compte de ce que tu as écrit. C'est impossible que le @Sebsauvage que je connaisse puisse balancer un poste comme ça, c'est forcément que tu es passé à côté de quelque chose.

Je m'explique Kanye West (aka Ye) a été violé de l'enfance et jusqu'à ses 14 ans par son cousin plus vieux que lui ! Cousin qui est le meurtrier d'une femme enceinte et qui a pris perpète... Son esprit a manifestement associé homosexualité à pédo-prédateur dans le trauma que cette horreur lui a causé et qui lui en voudrait pour ça ?

On parle bien d'une victime. On parle bien de quelqu'un qui a été violé pendant son enfance. On parle de quelqu'un qui aura mis presque 40 ans avant d'en parler publiquement...

Mais ta première réaction c'est de le taxer d'homophobe ? Je pense qu'il faut remettre l'église au centre du village. Ok le mec est un rappeur US, ok il joue les bad boy, ok il raconte et fait n'importe quoi sur scène et en ligne, et surtout il déblatère sa haine de l'oligarchie juifs dès qu'il peut (si tant est qu'une telle chose existe ne me faites pas dire ce que je ne pense pas), mais tout ceci n'est-il pas la conséquence de son trauma ???

Ce serait bien qu'on reconnaisse une victime quand on en voit une non ?
Liens directs

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