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- Re: le hollandais volant Sylvain Catherine sur X : "Vous ne devinerez jamais lequel des pays étudiés par mon collègue de Columbia se classe en tête des pertes de PIB causées par la paperasse : - 45,8 % des entreprises 🇫🇷 se disent contraintes, - le coût agrégé est
Re: le hollandais volant Sylvain Catherine sur X : "Vous ne devinerez jamais lequel des pays étudiés par mon collègue de Columbia se classe en tête des pertes de PIB causées par la paperasse : - 45,8 % des entreprises 🇫🇷 se disent contraintes, - le coût agrégé est
Pour le prochain qui dit que j’exagère quand je critique le bordel administratif en France : cette étude trouve qu’en France, c’est 4 % du PIB qui est perdu à cause de la paperasserie inutile.
voila ce qu'on appelle un biais de confirmation, doublé d'un biais de l'identité partisane.
sans surprise, le LHV n'a soit pas lu l'étude, soit pas compris de quoi il s'agit, étant donné que ce qu'il dit n'a pas grand chose à voir avec l'étude en question.
le papier est disponible au téléchargement ici: https://www.dropbox.com/scl/fi/v2mpu4i4wcng1x05kvugu/PZ_13.pdf?rlkey=4dnl87pzbiqf4fyzpgphxz7fq&e=1&dl=0
Avec ça, on est évidemment les champions du monde.
illustration parfaite de ce que je dis juste au-dessus. l'étude s'intéresse à un échantillon d'un peu moins de 15 000 entreprises réparties dans 7 pays européens: Autriche, France, Allemagne, Hongrie, Italie, Espagne, Royaume-Uni.
donc on est sur une approximation de 230 pays pays sur 237 (d'après le CIA world factbook).
ensuite l'étude comme son nom l'indique: "Quantifying The Impact of Red Tape on Investment: a Survey Data Approach" porte sur le red tape et se base sur les réponses à un sondage EFIGE provenant d'un groupe d'influence économique auprès de l'union européenne bruegel (voir le bouquin La Fabrication du consentement, de Noam Chomsky sur le fait que ce sont des machines de propagange, voir aussi le tuto de defakator "on démonte des sondages": https://www.youtube.com/watch?v=QhfXlYKDBfg )
mais ce que le LHV n'a pas compris c'est que le red tape ce sont les régulations du marché et pas du tout des problèmes de démarches administratives quand on va à la préfecture parce qu'il y a pas assez de monde.
c'est pourtant marqué que leur hypothèse de départ c'est que les régulations du marché entraine une réduction des investissements. ben oui gros, si on interdit la vente de cigarettes aux mineurs et qu'on impose un paquet neutre avec un marquage pour dégouter les gens, c'est une évidence qu'il y aura moins d'investissement dans la vente de clopes que si il n'y a aucune régulation.
Regulations (such as those that impose permits and licensing requirements) can distort firm investment and reduce GDP in two ways. First, by imposing a burden on companies that want to grow their business, they effectively act as a tax on capital, reducing overall investment. Second, because this “shadow tax” can vary a great deal across firms, they have the effect of misallocating capital and labor across firms, lowering aggregate productivity in the economy.
il y a rien ici que de l'idéologie libérale usuelle: il faut déréguler le marché et le laisser faire avec sa main invisible pour que ce soit optimal. et on connait très bien les conséquences pour voir ce que ça a donné aux USA.
ensuite dans l'étude il y a tout un tas de trucs qui vont pas: comme le sondage date de 2009, une année de récession, ils ont pris les données économiques de 2007 pour que ça colle avec les résultats attendus, comme le sondage ne comporte pas de question sur le red tape ils ont ajouté arbitrairement une variable et décider d'attribuer certaines réponses dans cette catégories sur des critères arbitraires, les données du sondage ne sont pas objectives, les données sont incomplètes pour 3 des 4 pays, pour leur estimation ils ont choisi d'ajuster le résultat avec une variable ρ = 0,5 mais en annexe donnent aussi les valeurs pour ρ = ⅓ et ρ = ⅔ parce que voila la valeur arbitraire pourrait avoir une autre valeur en fait mais c'est tout du même ordre de magnitude, et ils donnent aussi les résultats sans ajustement qui sont nettement moins importants, ils partent du principe qui leur semble "naturel" que le red tape affecte le capital comme une taxe mais reconnaisse que ça pourrait tout à fait impacter les travailleurs auquel cas ça change tout.
tout ça étant indiqué par les auteurs eux-même.
mais la raison pour laquelle la France sort devant les autres pays c'est parce que dans le sondages des patrons français ils sont 45% à se plaindre des régulations (vous vous rappelez la partie sur l'objectivité des réponses...) et que c'est ce facteur qui détermine le résultat obtenu.
on peut aussi discuter de la pertinence d'un indicateur relatif en proportion du PIB de chaque pays, étant donné que les différents pays n'ont pas les mêmes PIB. (par exemple en France on a intégré le trafic de drogue et le marché noir au PIB pour donner l'illusion de la croissance).
et bien sûr ce n'est pas de l'argent perdu qui sort des poches de l'état, mais une estimation de l'effet que le sous-investissement supposé a sur le PIB.
Bref, non c’est pas moi qui délire : la France est une gigantesque usine à gaz administrative.
… et qui perd donc 100 milliards par an pour des formulaires, papiers, documents, justificatifs, actes, duplicatas, attestations… rouges, verts, roses, bleus, arc-en-ciels… inutiles mais imposés par des bureaucrates à la con.
voila, voila. c'est donc bien le LHV qui délire, comme souvent, et qui donne une représentation fausse et mensongère des choses du fait de son ignorance.
et la loi de brandolini est vraiment vraie et c'est pénible
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- Le bazar de mydjey
- « Le régime ultra-libéral subvertit l’État-providence » - Caëla Gillespie - Élucid
« Le régime ultra-libéral subvertit l’État-providence » - Caëla Gillespie - Élucid
Article on ne peut plus fondamentale pour comprendre notre société moderne. A lire.
Il s’agit aujourd’hui de retourner la liberté de l’individu contre l’État-providence et contre l’État de droit.
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« Le régime ultra-libéral investit et subvertit l’État ; il utilise sa puissance législatrice au service de la déréglementation et de la dérégulation générale. »
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le fait que le régime ultra-libéral se prétende post-politique ne signifie pas qu’il détruit l’État, seulement qu’il détourne l’État de sa fin politique. Il investit et subvertit l’État ; il utilise sa puissance législatrice au service de la déréglementation et de la dérégulation générale.
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« La société civile au pouvoir », c’est le refus d’un État politiquement actif, qui légifère pour prélever et redistribuer les richesses, ou pour corriger les inégalités, mais ce n’est pas le refus de l’État tout court. L’ultra-libéralisme n’est pas incompatible avec un État fort, voire répressif, parce que l’État fort peut être un outil extrêmement puissant pour imposer la dérégulation
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Dans la doxa ultra-libérale, ce qui doit être renvoyé au passé, c’est la figure du citoyen, qui est une part du corps politique. L’individu, qui est à lui-même une totalité, un « self made man », doit lui succéder.
Le « nouvel homme » est alors décrit comme un être essentiellement jeune, qui se définit par son inappartenance radicale : il n’est pas du vieux monde ; il n’est d’aucun corps politique, d’aucun parti ou syndicat. Il ne s’inscrit pas dans le monde du travail, mais dans le monde de l’entreprise.
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« L’ultra-libéralisme fait flamber la guerre des générations pour mieux détourner nos regards du véritable enjeu, qui est la production d’une impuissance collective par le délaissement du politique. »
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Nous n’avons pas affaire à une dépolitisation qui serait le fruit d’un simple désintérêt subjectif ou qui viendrait du désinvestissement d’une génération. Nous vivons depuis cinquante ans un processus historique de manufacture de l’homme apolitique, dont l’homme contemporain est le produit fini. Cet homme, qui jouit d’une chimérique liberté post-politique, est nécessaire au développement de l’ultra-libéralisme.
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Aujourd’hui, la question n’est pas d’opposer les intérêts d’une génération à une autre – les luttes sociales aux luttes écologiques par exemple – mais de savoir comment on peut passer de l’atome à la structure, et de l’individu à la conscience collective, pour se remettre à agir.
Livre : Caëla Gillespie (philosophe), Manufacture de l’homme apolitique, éditions du Bord de l’eau
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