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À partir d’avant-hierFlux principal

La honte et la faim

19 décembre 2024 à 17:53
Jadis, on y voyait vertu. Avant d'obtenir pitance, les indigents devaient ressentir l'opprobre de la mendicité. On les obligeait à jouer des coudes devant les œuvres de charité, à patienter dans le froid sous l'œil méprisant des passants. Ainsi, ils chercheraient à s'extraire de leur condition. Nul ne (...) / , , , - 2023/05

«On dirait que tout est fait pour nous piéger» : pourquoi des automobilistes sont vent debout contre les péages sans barrière - Le Hollandais Volant

9 décembre 2024 à 21:40

@Timo je vais tenter de défendre le point de vue de ceux qui "se sentent piéger".

Argument 1 :

  • Personne n'est à 100 % de vigilance partout tout le temps. Les humains ont des hauts et des bas, la vigilance, le sens de l'observation, les réflexes oscillent eux-aussi.

Argument 2 :
En circulation hyper-dense (genre Paris que je connais bien), on a tendance a plus faire attention aux voitures autour de nous qu'aux panneaux. Ça s'appelle le réel et l'instinct de survie.

Argument 3 :
Des personnes, mais peut-être pas toi, prennent régulièrement des trajets qu'elles ne connaissent pas. Alors elles doivent découvrir la route et certains panneaux peuvent passer à la trappe quand on essaie péniblement de ne pas se perdre, surtout quand le GPS déconne ou que la DDE/Urbanisme ont foiré les tracés, voire l'architecture routière elle-même.

Sans compter que les arguments (1) et (2) interviennent aussi.

Argument 4 :
Quid de ceux qui ont du mal à cause de leur âge, de leur état physique, psychique ou encore du fait qu'ils n'aient jamais appris les nouveaux panneaux ? Je parle bien de personnes aptes à conduire mais qui sont juste au-dessus de la limite en-dessous de laquelle on n'a pas le permis.

Mais à parti ça j'aimerais surtout te poser les questions suivantes :

  • @Timo aurais-tu des parts dans les grands sociétés autoroutières pour les défendre de la sorte ?

  • Privatiser les infrastructures publiques est-elle une chose qui te tient à cœur que tu défendes les intérêts des corporations face à ceux des citoyens, voire les tiens ?

  • Disposer de routes sur lesquelles on puisse voyager sereinement sans avoir besoin de se méfier d'être racketté discrètement te semble-t-elle être une bonne chose ?

  • N'y vois-tu pas l'analogie des bars au Japon où sans que tu le saches, tu vas payer pour la serveuse qui boit à côté de toi ?

J'ai le sentiment que tu aimes tellement mépriser les autres, surtout quand ils sont automobilistes (et qui roulent sur des voitures thermiques), que tu serais prêt à offrir sur un plateau la carte de France à Sanef & Co.

Méfie-toi Timo car un jour tu vieilliras et tu découvriras chaque jour de nouvelles faiblesses et des difficultés jusqu'alors inconnues. Ne pas se ranger du côté des plus faibles aujourd'hui s'est s'agresser soi-même demain.

En tout cas, je ne partage pas ton point de vue car il est profondément anti-prolétaires et je serais toujours du côté des pauvres chez qui, même 5 € d'amende peu foutre la boule au ventre voire les achever.

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L'impossible démocratie de marché

4 décembre 2024 à 18:38
La démocratie va mal. Ce serait la faute des institutions, des réseaux sociaux, de l'individualisme. De la « radicalité des extrêmes », voire de l'impuissance devant la violence économique, qu'il faudrait adoucir. Or le capitalisme se fonde sur la division entre l'économique et le politique, ce qui le (...) / , , - 2024/12

Les fortunes de la vertu

4 décembre 2024 à 17:18
Capitalisme « éthique » ? La contradiction dans les termes reflète la volonté de l'ordre économique d'incorporer les questions environnementales dans une matrice marchande, à la fois pour se relégitimer et pour faire des affaires. Aux yeux des alchimistes du marché, le désastre social et écologique (...) / , , - 2024/12

Au boulot…

29 novembre 2024 à 17:33
Le succès en salles de « L'Histoire de Souleymane », de Boris Lojkine ou « Au boulot ! », de Gilles Perret et François Ruffin suggère une attention nouvelle aux réalités du travail, sa précarité ou ses dangers. Quand le pouvoir en France exige plus d'efforts pour combler les déficits, quand le secteur (...) / , , , - 2024/12

Au Nigeria, l'emprise du roi du ciment

28 novembre 2024 à 15:21
Omniprésent sur la scène économique et financière africaine, M. Aliko Dangote, président-directeur général (PDG) de l'un des plus grands conglomérats du continent, incarne cette génération d'hommes d'affaires qui entendent faire du secteur privé le premier moteur du développement. Au prix d'alliances (...) / , , , , , , - 2023/05

Quand la liberté d'expression passe à droite

27 novembre 2024 à 16:52
Après trois décennies de développement spectaculaire d'Internet, l'utopie libertaire de la Toile est désormais revendiquée par l'extrême droite américaine. Au détriment d'une gauche légitimement soucieuse de protéger les plus vulnérables contre les discours outranciers, mais qui abandonne aux entreprises (...) / , , , , , - 2023/05

Enjeu de société : capitalisme

26 novembre 2024 à 07:42

Vous en avez marre du capitalisme ?

Vous voudriez vivre dans un monde plus inclusif, plus juste, plus écolo, avec des fleurs des arbres et des oiseaux...
Mais vous ne savez pas comment faire, par où commencer, qu'est-ce qui est vraiment efficace...

Ne cherchez plus ! Voici le "Cahier pratique pour sortir du capitalisme"


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Victoire de Trump : les démocrates victimes de l’illusion de la croissance | Mediapart

7 novembre 2024 à 12:00

Si vous avez un accès Mediapart, à lire en entier vraiment, pour sortir du discours de comptoir : "tous racistes, sexistes et rétrogrades".

L’ampleur de la victoire de Donald Trump le 5 novembre 2024 ne peut s’expliquer sans comprendre le facteur économique et la façon dont les démocrates ont abordé cette question. Les 4 points gagnés par le milliardaire new-yorkais entre les scrutins de 2020 et de 2024 montrent qu’une partie de l’électorat a basculé, au cours de ces quatre années, vers les républicains.

La question est alors de savoir ce qui a déterminé cette bascule. De ce point de vue, les premières enquêtes post-électorales confirment ce qui avait été perçu au cours de l’ensemble de la campagne : l’économie a été le premier déterminant du vote pour 39 % des électeurs, selon une enquêt de l'agence AP.

L’hypothèse d’un rejet du bilan économique de la présidence Biden est confirmée par d’autres éléments, notamment par les résultats des référendums locaux. Dans des États qui ont choisi très largement Trump, le droit à l’avortement a souvent été renforcé dans les urnes [Les Américains votaient en plus des présidentiel au niveau fédéral sur les sujets liés à l'avortement], preuve que son discours réactionnaire n’a pas été la principale force motrice de sa victoire

Plus bas :

Pourtant, l’humeur des citoyen·nes n’a pas suivi cet enthousiasme des économistes. Toutes les enquêtes montraient que la plupart des États-Uniens avaient le sentiment que leur niveau de vie s’était dégradé. Mais les économistes et les cadres démocrates sont restés attachés à leur fétichisme statistique : les chiffres ne mentant pas, c’était donc le sentiment des électeurs et électrices qui était faux et manipulé.

Pendant des mois, et encore récemment, le Prix Nobel d’économie Paul Krugman, éditorialiste économique au New York Times, a passé son temps à affirmer que les économistes avaient raison et que les gens avaient tort. Le sentiment négatif sur l’économie n’était que le produit d’une énième fake news trumpiste.

Mais le président élu n’a pas eu besoin de déployer ses talents de menteur pour convaincre l’électorat sur l’économie. Il a mené sa campagne en martelant cette question : « Votre situation est-elle meilleure qu’il y a quatre ans ? » Et une partie de l’électorat y a répondu dans les urnes.

Et :

Cette situation traduit un fait notable par rapport aux années 1990 : la croissance a changé de nature. Elle ne reflète plus aussi clairement le bien-être social. Et pour deux raisons. D’abord, les conditions de production de la croissance sont plus difficiles et supposent parfois une dégradation des conditions de vie des ménages. Ensuite, parce que les difficultés croissantes à produire de la croissance conduisent à une captation de cette dernière par une minorité à des fins d’accumulation. En d’autres termes : l’accélération de la croissance a un coût social croissant.

Et :

Car les hausses de coûts sur les primes d’assurance et les loyers ne sont pas comptabilisées dans le taux d’inflation

Et :

À cette hausse des dépenses contraintes s’ajoute le fait que les prix alimentaires ont explosé en 2022 et 2023 de respectivement 9,9 % et 5,8 %, [...] Une grande partie des États-Uniens ont eu le sentiment de travailler toujours davantage pour pouvoir consommer toujours moins. Ce n’était pas là une fake news mais une réalité très largement vécue.

Et :

La situation économique des États-Unis était donc explosive, et les démocrates étaient dans le déni. En ne cessant de crier aux fake news, ils ont achevé de s’aliéner une population cruciale pour leur victoire. Kamala Harris a tenté de corriger le tir en cessant de se prévaloir du bilan Biden, mais, obsédée par le gain du vote modéré, elle a refusé de prendre la réalité concrète des ménages en considération.


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A Student’s Guide to Not Writing with ChatGPT

15 novembre 2024 à 10:00

Une réaction d'Arthur Perret, en anglais, aux conseils d'utilisation de ChatGPT par OpenIA. Pas toujours complètement convaincu par l'argumentation, mais je partage l'idée de fond: étudier, c'est apprendre, notamment à penser en dehors des cadres imposés, c'est mettre en question, du moins ça devrait. C'est apprendre à apprendre et penser d'autres possibles.

Renforce mon idée que les LLM ou les modèles de diffusion sont des outils de dépossession, ou plutôt d'appropriation, une extension des enclosures.

Mise à jour : l'auteur a publié une version en français. https://www.arthurperret.fr/blog/2024-11-15-guide-etudiant-ne-pas-ecrire-avec-chatgpt.html


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Gestation pour autrui { GPA } en Ukraine: legalité, prix, avis | VittoriaVitta

31 octobre 2024 à 09:48

Ohhh comme c'est superbe, des femmes démunies, aux prises avec la guerre, peuvent vendre leur utérus aux bourgeois occidentaux en désire d'enfants mais sans la volonté de souffrir d'une grossesse.

En même temps qui voudrait des varices, des hémorroïdes, des incontinences post-natale, de la prise de poids, des problèmes de dos, des semaines de rééducation, des douleurs au seins, des insomnies, du grand huit hormonale, quand avec un peu d'argent ont peut refiler les problèmes à une autre ? #Connards

Évidemment, ce ne sont pas les oligarques Russes qui profitent de la situation mais bien les oligarques européens et états-uniens... La mafia occidentale doit disparaître, elle est d'une cruauté sans pareille, élire un Macron-like c'est conférer à cette oligarchie un peu plus de pouvoir et de privilèges à chaque mandat.

La majorité choisi l'esclavagisme volontaire. Je parie que le wokisme américain qui s'importe chez nous poussera la GPA en Europe car ceux qui auront fait le choix de se stériliser pourront éviter d'en payer le prix avec un petit peu d'argent.

Nous avons toujours été la cible des hommes, qu'ils soient misogynes ou trans, chaque parcelle de liberté et de protection que nous avons acquise nous est reprise petit à petit.

Il faut que des hommes masculins nous défendent de l'attaque d'autres hommes. Mais l'espèce des gentlemen est en train de disparaître parce que d'odieuses narcissiques hurlent à tout bout de champs que tous les hommes sont des ennemis alors que c'est un faux des plus absolu, sinon nous serions toutes de vulgaires esclaves sexuelles et des matrices à bébés.

Dans l'histoire, aucune conquête féminine n'a été obtenue par nous-mêmes. Et quand les misogynes prennent le pouvoir, nous perdons tout en quelques semaines. L’Afghanistan étant le dernier exemple en date. Il nous faut des hommes viriles, qui savent dire stop à tout ce non-sens, qui défendent le cadre protecteur d'une société saine.
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Victoire de Trump : les démocrates victimes de l’illusion de la croissance | Mediapart

7 novembre 2024 à 12:00

Si vous avez un accès Mediapart, à lire en entier vraiment, pour sortir du discours de comptoir : "tous racistes, sexistes et rétrogrades".

L’ampleur de la victoire de Donald Trump le 5 novembre 2024 ne peut s’expliquer sans comprendre le facteur économique et la façon dont les démocrates ont abordé cette question. Les 4 points gagnés par le milliardaire new-yorkais entre les scrutins de 2020 et de 2024 montrent qu’une partie de l’électorat a basculé, au cours de ces quatre années, vers les républicains.

La question est alors de savoir ce qui a déterminé cette bascule. De ce point de vue, les premières enquêtes post-électorales confirment ce qui avait été perçu au cours de l’ensemble de la campagne : l’économie a été le premier déterminant du vote pour 39 % des électeurs, selon une enquêt de l'agence AP.

L’hypothèse d’un rejet du bilan économique de la présidence Biden est confirmée par d’autres éléments, notamment par les résultats des référendums locaux. Dans des États qui ont choisi très largement Trump, le droit à l’avortement a souvent été renforcé dans les urnes [Les Américains votaient en plus des présidentiel au niveau fédéral sur les sujets liés à l'avortement], preuve que son discours réactionnaire n’a pas été la principale force motrice de sa victoire

Plus bas :

Pourtant, l’humeur des citoyen·nes n’a pas suivi cet enthousiasme des économistes. Toutes les enquêtes montraient que la plupart des États-Uniens avaient le sentiment que leur niveau de vie s’était dégradé. Mais les économistes et les cadres démocrates sont restés attachés à leur fétichisme statistique : les chiffres ne mentant pas, c’était donc le sentiment des électeurs et électrices qui était faux et manipulé.

Pendant des mois, et encore récemment, le Prix Nobel d’économie Paul Krugman, éditorialiste économique au New York Times, a passé son temps à affirmer que les économistes avaient raison et que les gens avaient tort. Le sentiment négatif sur l’économie n’était que le produit d’une énième fake news trumpiste.

Mais le président élu n’a pas eu besoin de déployer ses talents de menteur pour convaincre l’électorat sur l’économie. Il a mené sa campagne en martelant cette question : « Votre situation est-elle meilleure qu’il y a quatre ans ? » Et une partie de l’électorat y a répondu dans les urnes.

Et :

Cette situation traduit un fait notable par rapport aux années 1990 : la croissance a changé de nature. Elle ne reflète plus aussi clairement le bien-être social. Et pour deux raisons. D’abord, les conditions de production de la croissance sont plus difficiles et supposent parfois une dégradation des conditions de vie des ménages. Ensuite, parce que les difficultés croissantes à produire de la croissance conduisent à une captation de cette dernière par une minorité à des fins d’accumulation. En d’autres termes : l’accélération de la croissance a un coût social croissant.

Et :

Car les hausses de coûts sur les primes d’assurance et les loyers ne sont pas comptabilisées dans le taux d’inflation

Et :

À cette hausse des dépenses contraintes s’ajoute le fait que les prix alimentaires ont explosé en 2022 et 2023 de respectivement 9,9 % et 5,8 %, [...] Une grande partie des États-Uniens ont eu le sentiment de travailler toujours davantage pour pouvoir consommer toujours moins. Ce n’était pas là une fake news mais une réalité très largement vécue.

Et :

La situation économique des États-Unis était donc explosive, et les démocrates étaient dans le déni. En ne cessant de crier aux fake news, ils ont achevé de s’aliéner une population cruciale pour leur victoire. Kamala Harris a tenté de corriger le tir en cessant de se prévaloir du bilan Biden, mais, obsédée par le gain du vote modéré, elle a refusé de prendre la réalité concrète des ménages en considération.


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Le saccage des sociétés de l'ancien bloc de l'Est

30 octobre 2024 à 15:07
En 1989, la jeunesse est-allemande démantèle le mur de Berlin : elle rêve de liberté, de prospérité. Les réformes qui suivent n'ont que peu à voir avec les espoirs suscités par l'événement. Cet article — dont une version courte figure dans notre « Manuel d'autodéfense intellectuelle - Histoire » — détaille (...) / , , , , - 2024/11

Emmanuel Macron a « redressé » économiquement la France ? Vraiment ? | nouvelobs

14 septembre 2024 à 08:28

Il n’existe cependant absolument aucun « redressement » de l’économie française qui résulterait de la politique d’Emmanuel Macron. Au contraire, la compétitivité française a continué de se dégrader depuis sept ans.
[...]
La France est un des seuls pays européens à afficher ainsi durablement un déficit extérieur. Sur les sept dernières années, seuls 3 pays sur les 27 de l’UE ont affiché des déficits cumulés encore plus importants que nous, rapportés à leur PIB.
[...]
Bref, non seulement la politique d’Emmanuel Macron n’a entraîné aucun redressement productif perceptible mais elle a contribué au contraire à dégrader davantage les comptes extérieurs du pays tout en accroissant significativement son endettement public.

A vrai dire ce n’est guère surprenant. La baisse du coût du travail et la libéralisation de son marché n’ont jamais permis nulle part un quelconque « redressement économique ». Si la course au moins-disant social devait être une recette miracle, le Bangladesh serait devenu depuis longtemps la locomotive de l’économie mondiale.


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Quand les startups « anti-gaspi » mangent à la place des plus précaires

8 février 2024 à 09:15

Je dois avouer que je dédie le peu de compassion et d’empathie que j’ai aux animaux. La seule association pour laquelle j’ai donné de mon temps et un peu de mon argent est la SPA. Mais quand j’ai reçu un mail de l’asbl L’Ilot m’informant d’une nouvelle crise dans le secteur du sans-abrisme et de l’aide alimentaire, ça m’a fait tiquer. Dans ce nouveau combat, il est question de startups lucratives – comme Happy Hours Market ou Too Good to Go – qui depuis quelque temps mangent littéralement les vivres dont pourraient bénéficier les associations.

En gros, l’activité de ces startups couplée à la franchisation croissante des grandes surfaces – lesquelles vont préférer passer un deal avec ces nouvelles applications – plonge les associations dans une situation de concurrence dont elles vont d’office sortir perdantes. 

Pour ce nouveau combat, L’Ilot s’est allié à LOCO, un réseau d’organisations qui collecte et redistribue les invendus alimentaires aux personnes dans le besoin. J’ai échangé à propos de tout ça avec Benjamin Peltier, chargé de plaidoyer, dans leurs locaux à Bruxelles. Après une petite heure de papote, on a conclu en disant que, pour le moment, le secteur de l’aide alimentaire c’était le far west. « Sans cadre légal, c’est le plus fort qui impose sa loi : dans notre secteur, les plus petits se font écraser et doivent se plier aux règles qu’ils subissent », résume Benjamin. 

VICE : Comment ça se passe pour le moment ici ?
Benjamin Peltier :
Dans ce secteur, y’a des assos avec une grande diversité. La majorité s’occupe des colis d’aide alimentaire pour des personnes précaires – le grand acteur historique de ce secteur, c’est la Croix-Rouge. Y’a aussi beaucoup de micro-acteurs, à l’échelle d’un quartier, d’une rue, avec un peu de solidarité qui s’organise. Ça peut être à l’initiative d’une paroisse, d’un frigo solidaire… Une bonne partie des assos qui font de la distribution alimentaire sont 100% bénévoles. Donc c’est un secteur peu professionnalisé et qui a du mal à se fédérer pour se défendre face à ce qu’il se passe. C’est pour ça qu’on a créé la plateforme LOCO avec d’autres acteurs qui, non seulement font de la récolte d’invendus pour eux-mêmes, mais aussi pour d’autres assos plus petites qui n’ont pas les moyens de récolter… Tout cet écosystème est tablé sur les invendus de grandes surfaces mais aussi des marchés hebdomadaires ou des centres de distribution. Y’a des accords qui ont été faits, notamment avec les chaînes de supermarchés pour nous permettre de récolter de l’alimentaire. 

Et ces accords n’ont pas suivi ?
Quand les acteurs privés sont arrivés – To Good To Go l’un des premiers –, ils se sont positionnés comme acteurs complémentaires à nous. Ils étaient plutôt sur les commerces de quartier qui avaient des invendus : la petite épicerie, la boulangerie, etc. À ce moment-là, leur politique de non-gaspillage était respectée. Nous, on n’était pas sur ce créneau donc on se marchait pas trop dessus. Maintenant, To Good To Go, tout comme Happy Hours Market, s’est aussi lancé sur les invendus de grandes surfaces. Les deux explosent, aussi en termes d’outils, de camions, de points de distribution. Et ils visent vraiment les grandes surfaces sur lesquelles on était. 

Dans un premier temps, L’Ilot a pu être protégé par des accords qu’on avait avec les magasins et, vaille que vaille, ça tenait. Delhaize, par exemple, avait un programme zero waste où ils avaient passé un accord avec toutes sortes d’assos pour la récupération d’invendus alimentaires, donc notre secteur pouvait toujours bénéficier de denrées [malgré la nouvelle concurrence]. Mais ces derniers mois, y’a eu un coup d’accélérateur dans la franchisation des magasins Delhaize – en plus de celles des magasins Carrefour et Intermarché qui avaient précédé. À partir de là, chaque gestionnaire peut commencer à négocier ses trucs et l’offre que propose Happy Hours Market est forcément plus intéressante pour les magasins parce que ça valorise financièrement leurs invendus alimentaires. Face à ces gérant·es de franchises qui sont soumis·es à des contraintes financières extrêmement difficiles, on ne trouve plus notre place et c’est logique de les voir aller vers ce type d’acteurs. 

Vous avez perdu beaucoup d’accords ?
Nous on dépend surtout de trois grandes surfaces Colruyt et, pour le moment, ces accords tiennent. Mais au sein de LOCO, pour certains acteurs c’est la catastrophe. Par exemple, le Centre de Distribution Alimentaire Gratuite (CDAG) qui est financé par le CPAS d’Uccle avait des accords avec neuf magasins Delhaize, et ils en ont déjà perdu six – les trois derniers risquent de tomber d’un jour à l’autre. En plus, le CDAG c’est un gros acteur ; pour les plus petits c’est encore plus un problème. Dans tous les cas, le nombre de personnes précarisées qui viennent chercher nos colis alimentaires est toujours aussi important, voire de plus en plus important, mais on n’a plus autant à leur donner.

Ça peut tomber d’un jour à l’autre pour vous aussi ?
Les trois magasins Colruyt dont dépendent L’Ilot ne sont pas encore entrés dans la logique Happy Hours Market. On est pour le moment protégé. Mais en Flandre, la chaîne Colruyt commence déjà à passer des accords donc ça nous pend au nez… Et quand on sait que 90 000 personnes à Bruxelles vivent de l’aide alimentaire [selon la Fédération des services sociaux, NDLR], ça nous fait peur. 

Quel son de cloche du côté des startups ? Certaines ont dit avoir mis en place un système de dons pour vous soutenir ou encourager les magasins à poursuivre des démarches d’aides aux assos. 
L’un des premiers contacts qu’on a eu avec To Good To Go c’était en 2018 et, au début, on n’était pas du tout dans l’opposition. On a essayé de mettre des balises communes, comme pour dire qu’il y avait de la place pour tout le monde [des accords à l’amiable, sans trace écrite, NDLR]. Le fait de ne pas venir démarcher des supermarchés avec qui on a déjà des accords est un exemple. L’un des arguments de Happy Hours Market c’est de dire qu’il y a du gaspillage alimentaire malgré notre action, donc pour eux on n’est pas concurrents. Mais en réalité, ils sont rapidement devenus des vrais prédateurs sur les mêmes biens que nous – des denrées dont on peut bénéficier, loin de la date de péremption. Maintenant, Happy Hours Market n’est plus dans le projet d’éviter du gaspillage mais dans celui de trouver les biens les plus exploitables et rentables. 

Ils communiquent aussi l’argument de la redistribution aux assos, le fait qu’ils jouent un rôle de plateforme logistique. Ils disent aller chercher dans les magasins, revendre une partie et redistribuer le reste aux assos qui n’ont pas les moyens de faire cette collecte. Mais dans les faits, plusieurs organisations au sein de LOCO ont été partenaires avec Happy Hours Market et bénéficiaires des dons mais se sont ensuite retirées de ce partenariat parce que ce qu’elles recevaient était de trop mauvaise qualité. Y’a pas de réelle volonté d’aider les assos, c’est juste une manière de se décharger des déchets. La gestion des poubelles dans le secteur est extrêmement coûteuse. À cause de ça, le coût de déchets avait doublé dans certaines assos, presque triplé, alors que leur volume de colis distribués avait à peine augmenté – vu qu’elles recevaient des produits périmés. 

Est-ce que le succès de ces startups – potentiellement auprès de personnes précaires – permettent d’amortir la demande chez vous sur le long terme ?
En théorie, on pourrait se dire ça. Mais y’a quelques éléments qui laissent penser que leur public n’est pas un public précaire spécifiquement. Quand on regarde la localisation des boutiques Happy Hours Market, elles sont principalement situées dans les communes plus riches : Etterbeek ou Ixelles, notamment. C’est pas Molenbeek et Saint-Josse qui captent leurs boutiques. On voit que ça correspond à une catégorie sociale qui n’est pas précaire. Et puis, y’a l’élément de la fracture numérique : les plus pauvres ont un moins bon accès à la compréhension du numérique. Or, leur modèle repose exclusivement sur des achats via une application web. Et ils communiquent principalement sur le côté écologique de leur activité. À partir de là, on sait exactement quel public ils visent : plutôt des classes moyennes sensibilisées aux enjeux environnementaux. Le seul public qui peut être dans des difficultés d’accès à de la nourriture tout en ayant l’éducation numérique, c’est les étudiant·es. Effectivement, certain·es sont dans la dèche. 

Face à une précarité qui a beaucoup augmenté à Bruxelles, comment on gère le contact avec les gens ?
La difficulté des associations qui font de la distribution dans ce contexte c’est de répondre à une demande qui vient avec beaucoup de frustrations, de colère et de violence parfois. La majorité des bénévoles sont des personnes plus âgées qui sont confrontées à des gens qui deviennent parfois agressifs. Y’a des burn-out dus à ces tensions. Les impacts en cascade sur le terrain se voient aussi.

Tu parles d’une violence qui répond directement aux violences – ou à la non-action – institutionnelles ?
Totalement, et ça touche plein de secteurs différents. Le chômage, par exemple : c’est tellement difficile de l’avoir, avoir juste un contact téléphonique ou quelqu’un en face de soi à un guichet pour répondre à son dossier que les gens deviennent fous. Ils n’ont pas les moyens de vivre sur leurs réserves, parce qu’ils n’en ont pas. Les employé·es de la CSC des guichets chômage disaient qu’ils ferment parfois parce qu’ils savent plus capter toute la violence des gens qui font la file et pètent des câbles. Ce sont ces gens qui font la file pour avoir des colis alimentaires mais qui repartent les mains vides. Le sentiment des travailleur·ses sociaux c’est qu’il y a une réelle violence institutionnelle à l’égard des personnes précaires depuis quelques années. 

En dehors de nos frontières, vous savez comment ça se passe ? 
La France est une des pionnières en Europe de l’encadrement légal dans ce secteur. Elle a un cadre légal qui oblige les magasins avec une surface de 400 m2 à donner leurs invendus aux assos [conformément à la Loi Garot, adoptée en 2016, NDLR]. Et grâce à cette loi, les acteurs s’organisent pour respecter ce cadre légal. Toujours en France, y’a Phenix qui, en théorie, ressemble à Happy Hours Market mais en pratique ils s’associent vraiment avec des initiatives et partagent leurs récoltes en amont de leurs ventes. 

Et de notre côté, imposer un cadre légal serait illusoire ?
On a déjà amorcé des conversations avec le monde politique pour leur expliquer ce problème de concurrence. Y’aura-t-il moyen de sanctuariser quelque part les invendus alimentaires pour dire que les personnes qui les donnent aux plus nécessiteux·ses sont prioritaires ? Le cabinet Maron, pour la Région bruxelloise, vient de faire passer une législation pour obliger les grandes surfaces de plus de 1 000 m2 à donner leurs invendus à une initiative. C’est bien que ça avance, mais on dédie quand même de plus en plus d’argent à construire une alternative politique par nous-mêmes, faire passer des messages dans les médias, à pousser pour un changement de société plus global. La situation sociale à Bruxelles ne fait que s’aggraver.

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Le retour de la vengeance des luddites technophiles

26 août 2024 à 18:33

Je cite la phrase qui m'a le plus marqué

"Comme le souligne Danièle Linhart dans « La comédie humaine du travail », le changement permanent est une stratégie consciente afin de détruire toute expertise et donc d’enlever tout pouvoir au travailleur."

Je la rapproche évidement de ma vision de l'informatique comme une industrie de la mode.


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