Vue normale

Reçu — 9 novembre 2025

FBI vs Archive.is - Le site qui archive sa propre disparition

Par :Korben
9 novembre 2025 à 10:07

Le 30 octobre, l’opérateur anonyme qui se cache derrière le site Archive.is a posté un truc sur X. Pas un long message, hein, mais juste le scan d’une assignation en justice envoyée par le FBI daté du jour même, accompagné d’un seul mot : “canary”.

Si vous me lisez depuis longtemps, vous savez ce que ça veut dire. Un warrant canary , c’est une technique pour contourner les bâillons juridiques. Ainsi, quand une agence gouvernementale vous sert une assignation avec interdiction d’en parler, vous ne pouvez pas dire “hey les copains, j’ai reçu une assignation”. Par contre, vous pouvez publier régulièrement “je n’ai reçu aucune assignation”. Et le jour où vous arrêtez de publier cette phrase, tout le monde comprend que le canari est mort.

Sauf que là, le canari n’est pas mort. Il chante fort en publiant directement l’assignation elle-même.

Le document demande à Tucows, le registrar canadien qui gère les domaines Archive.is, Archive.ph et Archive.today, de balancer toutes les infos sur leur client : nom, adresse, numéros de téléphone, logs de paiement, tout. Le FBI a jusqu’au 29 novembre pour obtenir ces données et bien sûr, le document précise : “Vous êtes prié de ne pas divulguer l’existence de ce subpoena indéfiniment, car toute divulgation pourrait interférer avec une enquête en cours.

Raté, lol.

Depuis 2012, le domaine archive.is est enregistré sous le nom de “Denis Petrov”, à Prague. Denis Petrov, si vous voulez, c’est un peu l’équivalent russe de Jean Dupont donc autant dire que c’est probablement pas son vrai nom. Et durant ces 13 dernières années, personne n’a réussi à identifier la vraie personne qui se cache derrière ce service utilisé par des millions de personnes chaque mois.

En 2025, maintenir un service web aussi gros en terme de visites, tout en restant complètement anonyme, c’est un exploit. Il faut des serveurs et il faut payer ces serveurs. Il faut gérer les DNS, les noms de domaine, les sauvegardes donc à chaque étape, il y a normalement une trace. Un paiement, une facture, une identité à vérifier. Et pourtant…

Archive.is, pour ceux qui ne l’utilisent pas, c’est un service d’archivage web à la demande. En gros, vous lui balancez une URL, et il vous crache un snapshot de la page. Un genre d’instantané figé dans le temps. C’est donc un peu différent de la Wayback Machine de l’Internet Archive qui crawle méthodiquement le web pour garder une trace longue durée. Archive.is, c’est du court terme, du rapide, du “j’ai besoin d’archiver cette page maintenant avant qu’elle disparaisse”.

Et les gens utilisent ce service pour plein de raisons. Par exemple, archiver un thread Twitter avant qu’il soit supprimé, sauvegarder un article avant qu’il soit modifié ou encore documenter une preuve. Mais là où il excelle c’est dans le contournement des paywalls.

Et c’est ce dernier point qui énerve l’industrie médiatique. En juillet de cette année, la News/Media Alliance a même réussi à faire fermer 12ft.io, un autre service de contournement de paywall. Le fondateur, Thomas Millar, avait créé son service pendant la pandémie après avoir constaté que, je cite, “8 des 10 premiers liens sur Google étaient derrière un paywall”. 12ft.io était hébergé chez un provider classique, avec un nom et une adresse… Il s’est pris une menace légale, et le service a du fermer.

Mais Archive.is, lui, résiste. Comment ? Hé bien parce qu’il n’y a personne à assigner. Pas de boîte. Pas de CEO. Y’a juste un fantôme qui paie ses factures et maintient les serveurs.

A titre perso, je comprends pourquoi les paywalls existent… Les médias doivent se financer et le journalisme de qualité coûte cher. Mais quelque part, je trouve ça quand même hyper triste humainement et professionnellement, d’enquêter, de prendre le temps d’écrire un super truc afin d’informer les gens, pour au final être lu uniquement par trois pelés et un tondu…

Mais bon, c’est pas vraiment ça qui intéresse le FBI.

Ce qui les dérange, c’est pas le paywall. C’est l’anonymat. Cette idée qu’on puisse opérer une infrastructure critique sur web sans identité vérifiable, ça ne passe plus. Les gouvernements veulent savoir qui fait quoi et cela même si c’est légal, même si c’est utile. L’anonymat est devenu une anomalie.

Et c’est là que le “canary” prend tout son sens car en publiant cette assignation, l’opérateur d’Archive.is fait deux choses. D’abord, il prévient tout le monde qu’il est dans le viseur mais il transforme aussi un document juridique confidentiel en acte de résistance publique. Le FBI voulait enquêter en silence et maintenant, tout Internet sait.

Le FBI chasse un archiviste, c’est à dire quelqu’un dont le métier est de faire des snapshots de ce qu’on trouve sur le web avant que ça ne disparaisse. Et là, il vient d’archiver sa propre disparition potentielle. Son message Twitter est déjà dans les archives d’Archive.is lui-même…

Tucows, de son côté, a confirmé qu’ils “respectent les procédures légales valides”, ce qui veut dire qu’ils vont probablement fournir les infos. Sauf que si l’opérateur d’Archive.is a réussi à rester anonyme pendant 13 ans, je doute qu’il ait laissé son vrai nom et son adresse perso dans les champs du registrar. Il a probablement utilisé des services d’anonymisation de domaine, des boîtes postales, des paiements en crypto. Bref, le FBI va peut-être obtenir des données, mais ça mènera probablement à un autre fantôme… On verra bien.

Quoiqu’il en soit, dans 10 ans, tous les services web devront avoir un humain identifiable et assignable en justice derrière. C’est le sens de la vie… et cette époque où on pouvait lancer un service en ligne sans donner son identité, c’est terminé. Archive.is est donc peut-être le dernier dinosaure de cette ère révolue où Internet était encore un peu sauvage, un peu anonyme, un peu libre…

Le canari chante. Mais pour combien de temps encore ? Ça personne ne sait…

Source .

Reçu — 1 octobre 2025

Redlib - Lire Reddit sans que Reddit vous lise

Par :Korben
1 octobre 2025 à 07:00

Vous scrollez tranquillement r/rance à 2h du mat’ pour tuer le temps avant de dormir, vous lisez quelques posts, regardez des memes, rigolez sur un truc débile. Mais savez-vous que Reddit enregistre chaque post que vous lisez, chaque image que vous ouvrez, chaque seconde que vous passez sur chaque thread ? Et ça, ils le font même si vous n’avez pas de compte y compris si vous êtes en navigation privée.

Bienvenue dans le monde merveilleux du tracking obligatoire !

Heureusement, pour lutter contre ça, sans se priver de Reddit, il existe Redlib , un front-end alternatif open source, codé en Rust, qui va vous permettre de lire Reddit sans que Reddit ne sache que vous existiez. Pas d’inscription, pas de JavaScript, pas de pubs, pas de tracking. Vous remplacez juste “reddit.com” par “redlib.tiekoetter.com” dans l’URL et hop, vous avez le même contenu sans la surveillance.

D’ailleurs, petite histoire rapide pour comprendre pourquoi Redlib existe…

En 2023, Reddit a décidé de tuer toutes les apps tierces populaires comme Apollo ou BaconReader en rendant son API hors de prix. Le vrai objectif n’était pas de monétiser l’API, mais plutôt de forcer tout le monde à passer par leur app officielle bourrée de trackers et de pubs. À cette époque, il existait Libreddit, un projet similaire à Redlib qui permettait de lire Reddit en privé mais Reddit a commencé à imposer des rate limits agressifs qui ont tué Libreddit… Projet tragiquement décédé, fin de l’histoire…

Sauf que non. Un dev a décidé de ressusciter Libreddit sous un nouveau nom : Redlib. Et là, coup de génie technique, au lieu de se connecter normalement à l’API Reddit, Redlib utilise une technique appelée OAuth token spoofing.

En gros, Redlib se fait passer pour l’application officielle Android de Reddit. Il envoie les mêmes headers HTTP, utilise les mêmes tokens d’authentification, et imite le comportement de l’app officielle. Du coup, Reddit pense que c’est son app qui fait des requêtes, et laisse tout passer sans bloquer. Alors évidemment, la première question qui vous vient surement c’est : Est ce légal ??

Et bien comme pour toutes les bonnes choses de la vie, techniquement, on est dans une “zone grise”. Mais après éthiquement parlant, vous lisez du contenu public que les gens ont posté gratuitement sur une plateforme publique, donc j’imagine que pour le concepteur de Redlib, y’a pas mort d’homme.

Donc pour utiliser Redlib, vous avez donc cette instance publique redlib.tiekoetter.com qui vous permet de libérer n’importe quel lien Reddit. Mais pour les plus geeks d’entre vous, ceux qui sont à fond dans l’auto-hébergement parce qu’ils ont beaucoup de temps libre (lol), vous pouvez le mettre en place chez vous également avec Docker. Le repo GitHub explique tout, c’est assez rapide à mettre en place.

La différence avec l’expérience Reddit normale est d’ailleurs flagrante car sur reddit.com, vous êtes bombardé de popups “Install our app”, de bannières de cookies, de pubs…etc. Le site est lourd, lent, et essaie constamment de vous pousser vers l’app mobile alors qu’au contraire, sur Redlib, c’est du contenu pur et dur. Pas de JavaScript, pas de popups, juste les threads et les commentaires. Et c’est super rapide !! Même les images passent par le serveur Redlib, donc Reddit ne voit jamais votre IP quand vous chargez une photo.

Maintenant, faut quand même savoir que Reddit n’est pas content de cette situation. Ils essaient régulièrement de bloquer les instances Redlib en bannissant des adresses IP. C’est pour cela que certaines instances publiques rencontrent parfois des erreurs du style “Failed to parse page JSON data”, mais la communauté Redlib réagit en général très vite, change d’IP, ajuste les tokens OAuth, et le service repart.

Bref, je vous conseille de tester, surtout si vous en avez marre de vous faire harceler par des messages vous incitant à installer l’app mobile.

Reddit, c’est bien mais Reddit sans surveillance, c’est mieux !

Reçu — 20 août 2025

SimpleX Chat publie sa version 6.4.3 : une messagerie privée toujours plus aboutie

Par :Max
20 août 2025 à 13:00

La messagerie ultra-confidentielle SimpleX Chat vient de publier sa version 6.4.3, disponible depuis le 12 août 2025 sur iOS et Android. Cette mise à jour apporte plusieurs nouveautés notables, dont le support des bots via commandes, la possibilité d’utiliser des liens hypertexte en Markdown, et une option pour supprimer automatiquement les paramètres de suivi des liens. Autant d’évolutions qui renforcent son ambition : offrir un outil de communication libre de toute surveillance.

Une messagerie radicalement privée

Contrairement à WhatsApp, Signal ou Telegram, SimpleX Chat ne repose sur aucun identifiant utilisateur, ni numéro de téléphone, ni email. Les connexions se font via des liens temporaires ou QR codes, avec un chiffrement de bout en bout et un réseau décentralisé. Une approche unique qui place la confidentialité et l’anonymat au cœur de l’expérience.

Soutien de Jack Dorsey et levée de fonds

En août 2024, le projet a levé 1,3 million de dollars, avec la participation de Jack Dorsey, cofondateur de Twitter et fervent défenseur des technologies décentralisées. Un appui qui crédibilise le projet et lui donne les moyens d’accélérer son développement.

Une confidentialité qui suscite aussi le débat

Si l’application séduit par son respect de la vie privée, elle est parfois critiquée car ce haut niveau d’anonymat attire aussi des publics plus douteux. Un dilemme classique pour les services sécurisés, déjà observé chez Telegram ou d’autres alternatives.

Sources

Cet article original intitulé SimpleX Chat publie sa version 6.4.3 : une messagerie privée toujours plus aboutie a été publié la première sur SysKB.

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