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Akira : l’évolution d’un ransomware qui chiffre jusqu’aux VM Nutanix
Au-delà d’Hyper-V et d’ESXi, Akira a aussi chiffré des VM Nutanix.
Le bulletin que la CISA consacre à ce ransomware vient d’être mis à jour pour intégrer cette information… entre autres.
La version initiale datait d’avril 2024. Un an et demi plus tard, les techniques ont évolué sur toute la ligne, de l’accès initial à l’extorsion. Quant au chiffrement de VM Nutanix*, il a été constaté dans le cadre d’un incident survenu en juin 2025. Au début de la chaîne d’attaque, il semble y avoir eu la faille CVE-2024-40766 (contrôle d’accès défaillant dans les pare-feu SonicWall).
Des accès initiaux via Veeam
La version d’avril 2024 évoquait un accès initial via des VPN sans MFA. Essentiellement de marque Cisco, était-il précisé, avec deux vulnérabilités citées. L’une et l’autre localisées dans l’interface web d’ASA (Adaptitve Security Appliance) et de FTD (Firepower Threat Defense). La première (CVE-2020-3259) permet de récupérer du contenu en mémoire sans authentification. La deuxième (CVE-2023-20269) ouvre la voie à des attaques de force brute ou à la mise en place de sessions VPN SSL avec un utilisateur non autorisé.
D’après la nouvelle version du bulletin, à laquelle a contribué l’OFAC (Office anti-cybercriminalité français), l’arsenal d’accès initial s’est diversifié. Avec notamment :
- CVE-2020-3580, autre vulnérabilité sur l’interface web d’ASA et FTD, permettant un XSS sans authentification
- CVE-2023-28252, faille dans le CLFS (service de journalisation Windows utilisé par les programmes s’exécutant en mode utilisateur ou noyau), utilisée pour l’élévation de privilèges
- CVE-2024-37085 (contournement d’authentification dans ESXi via Active Directory)
- CVE-2023-27532 et CVE-2024-40711, qui touchent toutes les deux Veeam Backup & Replication (la première permet d’exfiltrer des authentifiants chiffrés depuis la base de données de config ; la deuxième ouvre la porte à une RCE par désérialisation de données malicieuses)
Zemana AntiMalware détourné pour stopper les antivirus
Sur la phase de reconnaissance, la mise à jour du bulletin ajoute peu d’éléments. Sinon l’utilisation de nltest /dclist: et de nltest /DOMAIN_TRUSTS.
Parmi les outils dont se servent les affiliés d’Akira figurent NetScan, Advanced IP Scanner et SoftPerfect. Mimikatz et LaZagne aussi, pour récupérer des authentifiants.
La version initiale signalait le recours à un outil légitime (Zemana AntiMalware) pour stopper les processus liés à des antivirus.
La mise à jour y ajoute l’exploitation d’outils d’accès distant tels AnyDesk et LogMeIn pour établir une persistance et se fondre dans l’activité admin.
La protection des disques virtuels neutralisée
La version initiale du bulletin apportait peu d’informations sur la manière dont les affiliés d’Akira obtenaient des privilèges.
La mise à jour en dit davantage, entre exploitation de services comme Veeam.Backup.MountService.exe et ajout de nouveaux comptes utilisateurs au groupe admin.
Elle mentionne un incident dans lequel la protection VMDK a été contournée en éteignant temporairement la VM du contrôleur de domaine. Les VMDK ont alors été copiés et attachés à une nouvelle VM. Cela a permis d’extraire le fichier NTDS.dit et la hive SYSTEM (groupe logique de clés, sous-clés et valeurs de registre) ; pour, au bout, compromettre un compte d’administrateur de domaine.
Un chiffrement hybride et personnalisable
Quantité d’outils ont été mis à profit pour l’exfiltration de données. 7-zip et WinRAR en font partie, comme FileZilla, RClone et WinSCP.
Pour établir des canaux de commande et de contrôle, AnyDesk, Cloudflare Tunnels, MobaXterm, Ngrok et RustDesk ont été mis à contribution.
Dans certain cas, à peine 2 heures se sont écoulées entre l’accès initial et l’exfiltration.
Le schéma de chiffrement utilisé par Akira était pour l’essentiel déjà établi en avril 2024. Hybride, il associe un cipher ChaCha20 et un système à clé RSA publique. L’ensemble permet un chiffrement total ou partiel, tout en le personnalisant selon le type et la taille de fichiers.
Afin de compliquer la récupération et l’analyse forensique, des commandes PowerShell sont utilisées pour supprimer les copies VSS.
Des options pour ne cibler que les VM
La première version d’Akira était écrite en C++. Sa deuxième incarnation, repérée à l’été 2023, est écrite en Rust. Elle est dotée d’une couche de protection supplémentaire compliquant l’analyse dynamique. Ainsi que d’une gestion des threads, améliorant l’efficacité du processus de chiffrement. Elle peut par ailleurs être déployée exclusivement contre les VM (paramètre vmonly) et stopper ces dernières (stopvm).
Akira est associé aux groupes connus sous le nom de Gold Sahara, Howling Scorpius, Punk Spider et Storm-1567. Il pourrait avoir des liens avec feu Conti.
* Lors d’une récente conférence, Gartner a prédit qu’à l’horizon 2028, 35 % des workloads VMware seraient passés sur une autre plate-forme. Le cabinet américain a suggéré d’envisager en premier lieu Nutanix. Pas tant pour les prix que pour les capacités fonctionnelles.
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Comment un ransomware s’est infiltré au CH Rueil-Malmaison
Entre Ngrok et Pinggy, pas de jaloux : les attaquants qui s’en sont pris au centre hospitalier Stell de Rueil-Malmaison ont exploité l’un et l’autre de ces services de tunneling.
C’était en mars dernier. Au bout, le déploiement d’un ransomware qui avait chiffré des serveurs Windows. La gestion administrative des patients, entre autres, s’en était trouvée indisponible pendant un temps. Des données personnelles ont par ailleurs possiblement été exfiltrées.
Un compte de test admin de domaine
Le point d’entrée fut un ancien compte de test, réactivé le 4 mars 2025 pour un audit Wi-Fi. Ce compte au mot de passe faible avait des privilèges d’admin de domaine et disposait d’un accès VPN.
L’accès initial, via ce vecteur, a lieu le 17 mars (un lundi). Le 22, une latéralisation est mise en œuvre par connexion RDP sur le contrôleur de domaine. Un mécanisme de persistance est ensuite déployé, en ajoutant Pinggy pour établir une connexion SSH sur le port 443.
Vendredi 28 mars, un canal est mis en place entre le contrôleur de domaine et le serveur de l’attaquant grâce à Ngrok. Le même jour, le ransomware est déployé et exécuté. Le lendemain, les traces de l’attaque sur les systèmes sont supprimées.
Le CH de Rueil-Malmaison passe au tiering AD
Le chiffrement n’est constaté que lundi 31 mars. À partir de là, les flux VPN sont coupés ; les serveurs impactés, isolés. Le lendemain, les sauvegardes sont mises hors réseau en vérifiant leur intégrité. L’ANSSI et le CERT Santé se déplacent sur site.
Le 2 avril, l’analyse des serveurs compromis démarre. Et du matériel (postes, clés 4G…) est demandé à l’ARS.
La reconstruction AD débute le 7, parallèlement à la fin des analyses. Le 10, la bascule est achevée. Le service de sauvegarde est relancé, les services métiers impactés sont restaurés et une formation d’administration sécurisée est dispensée.
La période d’avril-mai est marquée par le rétablissement progressif des services RH et d’admission, ainsi que le déploiement de nouveaux postes. Entre juin et septembre, un modèle par niveaux de privilège est mis en place pour l’AD.
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Vers une couche anti-ransomware dans l’application Google Drive
Pour détecter les ransomwares, il y aura bientôt… l’application Google Drive.
La fonctionnalité sera déployée en bêta sur la version de bureau (Windows, Mac) à partir de mi-octobre. Elle sera accessible avec les abonnements Google Workspace suivants :
- Business Standard et Plus (pas le forfait Starter)
- Entreprise Starter, Standard et Plus
- Education Standard et Plus (pas le forfait Fundamentals)
- Frontline Standard et Plus (pas le forfait Starter)
La détection interviendra au moment de la synchronisation de fichiers vers le cloud. Un modèle d’apprentissage automatique distant, entraîné sur des échantillons de ransomwares, recherchera les traces de modifications suspectes. S’il en détecte, il bloquera la synchronisation et alertera à la fois l’utilisateur (e-mail + notification de bureau) et l’admin (e-mail + alerte dans le centre d’administration).
L’ensemble n’empêche donc pas tant les infections que la propagation. Il intervient en second rempart après les antivirus.
Les fonctionnalités admin déjà en cours de déploiement
En complément arrive, également en bêta, une fonctionnalité de restauration massive de fichiers. Elle est disponible sur tous les abonnements Google Workspace – y compris individuels – ainsi que pour les comptes Google personnels.
Avoir la dernière version de l’application Google Drive (actuellement, la v114) est nécessaire pour permettre l’affichage des alertes.
L’ensemble sera activé par défaut et réglable au niveau des unités organisationnelles. Le déploiement des outils dans la console d’admin a démarré le 30 septembre sur les domaines à lancement rapide et à lancement planifié.
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