Amazon Leo : lancement officiel et recours juridique en France
Après sept années de développement, Amazon vient d’officialiser le changement de nom de son projet de constellation de satellites.
Le « Projet Kuiper », qui n’était qu’un nom de code interne inspiré de la ceinture d’astéroïdes située au-delà de Neptune, devient Amazon Leo, en référence à l’orbite terrestre basse (Low Earth Orbit) où évoluent ses satellites.
Ce changement de marque intervient à un moment charnière : Amazon a déjà déployé plus de 150 satellites en orbite et compte déjà des clients professionnels tels que JetBlue, L3Harris ou Sky Brasil. Le groupe prévoit plus de 80 missions supplémentaires pour constituer sa constellation complète, avec l’objectif d’atteindre 1 600 satellites d’ici la fin juillet 2026.
Une offre à trois niveaux
L’offre d’Amazon Leo se décline en trois formules: Leo Nano ( vitesses jusqu’à 100 Mbps), Leo Pro ( jusqu’à 400 Mbps) et Leo Ultra (jusqu’à 1 Gbps). Aucune grille tarifaire n’est communiquée.
La France doit faire partie des premiers pays où le service sera commercialisé, avec un lancement envisagé dès fin 2025 ou début 2026.
Amazon Leo arrive sur un marché où SpaceX dispose d’une avance considérable. Starlink compte déjà plus de 10 000 satellites en orbite et dessert plus de 2 millions de clients. Amazon a d’ailleurs dû faire appel à SpaceX pour certains de ses lancements : 3 missions via Falcon 9 ont permis de placer 72 satellites en orbite, illustrant le paradoxe de devoir collaborer avec son principal concurrent.
Un recours devant le Conseil d'État
L'arrivée d'Amazon Leo en France ne se fait pas sans opposition. Le syndicat CFE-CGC Télécoms a déposé un recours en annulation devant le Conseil d'État contre la décision (n° 2025-1347) de l'autorité de régulation des télécoms qui a accordé, en juillet, une autorisation d'utilisation de fréquences radioélectriques à Amazon Kuiper.
Le syndicat, représentant les personnels du secteur des télécommunications, soulève plusieurs préoccupations majeures.
Sur la concurrence et la souveraineté, la CFE-CGC Télécoms estime que l'ARCEP n'a pas mesuré la menace que représente Amazon Kuiper sur l'équilibre du marché français.
Le syndicat dénonce une distorsion de concurrence car les constellations satellitaires comme Starlink et Amazon Leo peuvent rentabiliser leurs satellites à l'échelle de plusieurs pays et ne sont pas soumises aux mêmes obligations que les opérateurs terrestres français.
Sur l'impact économique, elle estime que le déploiement de ces réseaux satellitaires fragilise les gros investissements réalisés par les opérateurs français, notamment dans la fibre optique, et met en péril l'emploi et l'expertise technique dans l'hexagone. Enfin, le syndicat déplore l'absence d'analyse par le régulateur de l'impact environnemental des constellations satellitaires, notamment concernant l'envoi de satellites en orbite basse, leur faible durée de vie et la problématique croissante des débris spatiaux.
« Ce recours gracieux est un signal d'alerte pour forcer le législateur à réguler les services satellitaires car c'est tout l'écosystème français des Télécoms qui est en jeu. Ne rien demander aux acteurs américains et laisser peser sur les opérateurs français taxes et obligations nous semble en effet irresponsable » déclare Kathleen Beaude, Présidente, et Sébastien Crozier, Vice-Président du syndicat.
Au-delà du cas français, la multiplication des constellations de satellites soulève des inquiétudes croissantes. Avec des milliers de satellites déployés par Starlink, Amazon Leo, OneWeb et d'autres projets, les spécialistes alertent sur les risques accrus de collisions, l'explosion du nombre de débris spatiaux, les menaces pour les missions habitées et les perturbations pour les observations astronomiques.
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