Outinord, on découvre (peut-être) le jeu du bonneteau associé à la fin de production sur Saint-Amand-les-Eaux
David Liégeois (Outinord) : « On ne va rien lâcher, on veut connaître toute l’histoire ! »
A la grande surprise dés élus du CSE (Comité social et économique) de l’entreprise outinord, la fin de production de coffrets métalliques sur Saint-Amand-les-Eaux s’accompagne d’un jeu de cession de titres entre le Groupe industriel et une holding financière.
En effet, le 27 mai dernier, David Liégeois et ses collègues salariés élus découvrent que le Groupe Skena pourrait céder ses titres de propriété à une Holding financière. « En aucun cas, cette proposition ne figurait à l’ordre du jour. C’est pourquoi, cette réunion est illégale et nous allons agir en justice, car il y a un vice de forme », précise David Liégeois, le secrétaire du PSE depuis 3 ans chez Outinord. Ce mardi 10 juin, en réunion de PSE, la confirmation de cette cession de titres a été de nouveau abordée après informations en amont dans l’Ordre du Jour de ladite réunion. « Attention, il faut bien distinguer deux actions, le PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) en cours et la cession de titres, ce sont deux choses différentes », précise David Liégeois, mais peut-être pas au bout du bout… !
Rembobinons le film… !
Pour cela, il faut remonter à l’acte d’achat par le Groupe SKENA de l’entreprise SATECO (Poitiers) en 2019, puis d’Outinord (Saint-Amand-les-Eaux) en 2021, les deux sites industriels spécialisés dans la fabrication française de coffrets métalliques, de banches de coffrage, pour les grands acteurs de la construction française (https://www.va-infos.fr/2025/05/13/outinord-une-lutte-a-rebondissements-et-sans-doute-pas-le-dernier/)
A cet effet, le Groupe SKENA signe un protocole (ou contrat) d’endettement, en 2019, avec une Holding financière à hauteur de 139 millions d’euros, dont 17 à 18 millions d’euros pour le rachat (en 2021) de la marque et du site Outinord basé sur Saint-Amand-les-Eaux. A ce stade, des questionnements se bousculent : « Nous ne connaissons pas le contenu de cet accord entre le Groupe SKENA et cette holding financière », s’insurge Ludovic Bouvier, le représentant régional métallurgie CGT.
David Liégeois confirme cette interrogation dévorante : « Nous pensons que le Groupe Skena n’est pas en situation de rembourser cette dette et doit (de fait) céder ses titres (ses actifs) à ce fonds financier ». Même si l’échéance de fin juillet (avec une semaine de report soit le 30) où la fin de production des coffrets métalliques est prévue sur Saint-Amand-les-Eaux, le lien entre cette cession de titres et des choix stratégiques industriels est latent. « Cette situation vient se greffer sur ce PSE. C’est pourquoi, nous allons demander sa suspension à la justice ! », poursuit David Liégeois.
« Nous allons durcir notre action », Ludovic Bouvier
Les hypothèses s’accumulent face à cette double échéance, celle d’une fin de production industrielle sur le site de Saint-Amand-les-Eaux et cette cession de titres de propriété du Groupe Skena à cette holding financière. « Nous ne connaissons pas les liens de cette holding avec les intermédiaires de ce rachat en 2019 », ajoute Ludovic Bouvier. Le média « Chantiers de France » explique parfaitement ce mécanisme de rachat et surtout cette logique industrielle et financière https://www.chantiersdefrance.fr/constructeurs/29190/un-plan-social-massif-chez-outinord#:~:text=D%C3%A8s%202022%2C%20Outinord%20a%20%C3%A9t%C3%A9,de%20structurer%20une%20nouvelle%20gouvernance.
120 familles déjà dans l’angoisse d’une fin de travail et dans l’attente d’un PSE effectif (début octobre environ) s’interrogent sur les origines de ce choix industriel. En effet, si l’on se réfère aussi à la réponse du Ministre de l’Industrie, suite à une question d’un député du Valenciennois, les salariés peuvent se poser la question sur les tenants et les aboutissants de cette fin industrielle sur l’Amandinois !
Cette transaction financière était-elle déjà pliée en 2019 ? « Oui, c’est une hypothèse, mais je pense que le Groupe SKENA n’a jamais eu l’intention de rembourser sa dette. Dans les hautes sphères, ils étaient au courant du sort réservé au site de Saint-Amand-les-Eaux. D’ailleurs, comme expliquez-vous que le site en Inde n’arrive pas à produire une partie de notre commande en cours. Au 01 septembre 2025, l’usine de Poitiers ne pourra même pas produire ce que nous fabriquons ici. Il y a un véritable problème industriel derrière… ! », poursuit Ludovic Bouvier.
« On ne va rien lâcher, on veut connaître toute l’histoire ! », assène David Liégeois. Concrètement, le chemin de justice va croiser cette procédure et « nous allons durcir notre action. Nous allons certainement nous présenter au Tribunal de Valenciennes avec les salariés », conclut Ludovic Bouvier.
Sommes-nous devant un petit meurtre industriel entre amis… ?
Daniel Carlier
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