La mairie de Douchy-les-Mines en crise politique ouverte et managériale !
(Visuel de gauche à droite Sega Soumaré, Catherine Estaquet, Daniel Tison, Brigitte Dubois, et Dominique John)
Tout d’abord, un retour factuel sur le déroulement du conseil municipal du 05 avril dernier permet de mieux comprendre l’atmosphère globale au sein d’une collectivité locale de plus de 10 000 habitants, donc mécaniquement un événement sur le Denaisis et au delà. En effet, si la majorité s’est rassemblée (17 membres) pour voter le budget 2025… « oui, mais par loyauté pour les Douchynoises et Douchynois », cite Catherine Estaquet, la solidarité avec l’édile n’y était pas compte tenu de certains agissements internes dénoncés par ailleurs.
En effet, à la fin de ce conseil municipal, une déclaration a été lue par Catherine Estaquet au nom d’un collectif de dix élus de la majorité municipale. La réaction à cette lecture publique a été vive avec quelques éclats de voix par des élus non cités dans ledit communiqué, mais également des insultes verbales conjuguées à une agression physique du DGS via le jet d’une boulette de papier dans son oeil. A cet effet, un dépôt de plainte a été réalisé et l’enquête est en cours ; le DGS en question, cadre administratif de l’autorité préfectorale, bénéficie de plein droit d’une protection juridique d’autant plus conséquente dans l’exercice de ses fonctions. Comme dirait un film bien connu- ce qui me dérange le plus, c’est le climat- !
La demande du collectif d’élu(e)s (Alexandre Pulliat 1ère adjointe, Catherine Estaquet adjointe, Daniel Tison, adjoint, Brigitte Dubois, adjointe, Béatrice Boudry, adjointe, Sega Soumaré, délégué, Emmanuelle Egélé, déléguée, Carole Moreira, conseillère municipale, Dominique John, conseiller municipal, Régis Fassart, conseiller municipal) réside dans la prise en compte d’une situation de souffrance potentielle d’une partie très significative des agents publics de la commune.
Suite à ce déballage en public, car rien ne bougeait visiblement, mais le maire de Douchy-les-Mines, après un report de Bureau, a expliqué initier un audit indépendant des agents de la collectivité locale. La méthode choisie serait de solliciter le centre de gestion 59, un classique. « Michel Véniat nous a annoncé récemment cette mesure en Bureau et nous a demandé de participer à un cahier des charges sauf que…, nous avons appris qu’une simple lettre de saisine suffit à mobiliser le CG 59 et qui plus est, le CG 59 applique sa propre méthodologie et n’a aucun besoin de cahier des charges », tance Catherine Estaquet.
« Notre action est en faveur des agents en souffrance de la commune », Séga Soumaré
C’est ici que les élus, présents sur la photo, veulent planter un décor indissociable de leur démarche. En effet, à quelques encablures d’une campagne électorale animée, le soupçon est naturel. C’est pourquoi, le propos se veut très tranché par Séga Soumaré : « Notre action est en faveur des agents en souffrance de la commune. Nous observons certains comportements autoritaires très difficile à vivre pour les fonctionnaires. D’ailleurs, nous risquons tout à travers notre démarche ! »
Ensuite, ce dernier cite une anecdote révélatrice d’une ambiance potentiellement délétère. « Dans ma délégation (sports et vie associative), j’ai demandé leur point de vue aux six agents de ce service. Cinq m’ont répondu qu’un responsable hiérarchique avait ordonné de ne plus parler aux élu(e)s ! ». Au niveau des rapports humains, nous serions donc au degré zéro d’une démocratie locale où les élu(e)s et fonctionnaires devraient travailler collégialement afin de rendre le meilleur service aux administrés.
« Nous voulons un organigramme clair », Catherine Estaquet
Clé de voûte d’une ambiance difficile à supporter par les agents de la commune, un conflit de compétences décisionnelles existe entre le Directeur de Cabinet, le Directeur Général des Services, le Directeur des Services Techniques, et une Directrice Générale des Services adjointe, fonction surprenante pour une ville de plus de 10 000 habitants seulement.
Pour rappel au lecteur, le Directeur de Cabinet travaille la ligne politique du programme municipal, la représentativité du maire, son agenda, c’est de fait la voix politique du maire bientôt très copieuse dans le cadre de la prochaine élection municipale. Ensuite, le Directeur Général des Services est le maître d’oeuvre de l’organisation communale. Sa fonction n’est pas politique. Il s’assure du bon fonctionnement des services et des équipes associées, la supervision d’ensemble des rouages administratifs assez complexe en France, la mise en oeuvre des outils de pilotage des dossiers clés, comme la recherche de subvention, et la réponse aux demandes du maire et des adjoints en charge d’une mission. En clair, deux fonctions très différentes dans une collectivité locale ou territoriale. D’ailleurs l’un est fonctionnaire (le DGS), l’autre bénéficie d’un poste fonctionnel, car le contrat d’un Directeur de Cabinet s’éteint avec le mandat du maire en fonction. Concrètement, l’entente cordiale entre ces compétences est souhaitable au sein d’une institution publique, mais la porosité entre ses deux fonctions n’est pas concevable, et même nuisible, à la bonne gestion d’une collectivité publique.
Ensuite, le Directeur des Services Techniques est le pilote opérationnel de tous les agents, avec de facto une compétence large dans les domaines techniques d’intervention de la ville. Son rôle n’est pas administratif, mais il est le rouage indispensable d’une fluidité municipale dans l’intervention publique au quotidien en bénéfice des administrés.
Puis, sur Douchy-les-Mines est présente une DGS Adjointe, très surprenant compte tenu la dimension de cette commune. Comme son nom l’indique, le rôle d’adjoint implique une compétence complémentaire, pour des dossiers précis ou surcharge de travail, sous la houlette du DGS en fonction.
Et pour finir, ces compétences sont définies par un cadre légal et le seul « patron » reste le maire et sa majorité municipale, mais dans ce corset administratif très précis. En filigrane, vous avez compris que la discorde est de mise entre ces postes clés. « Le maire est conscient de la chose. Cette situation démolit les agents de la commune, un climat de peur règne dans la mairie. Nous voulons un organigramme clair », déclare Catherine Estaquet.
Plus de majorité municipale à Douchy-les-Mines ?
Concrètement, si aucune évolution n’intervient avant le prochain conseil municipal (juin prochain), les prochaines délibérations seront étudiées cas par cas par ce collectif. « Nous voterons dans l’intérêt des Douchynoises et Douchynois, mais nous pouvons refuser de voter une, voire plusieurs délibérations », conclut Séga Soumaré.
Sur 33 élus, dont 27 à 28 présents régulièrement, vous avez eu 4 écharpes retirées l’année dernière et par suite une opposition composée de 9 élus. Si vous y ajoutez 10 membres de la majorité municipale, la gouvernance locale est potentiellement au bord de l’implosion. Ce n’est plus une révolte, mais une révolution… ! Le message passé par ce collectif d’élus est simple. Le temps de l’action à bas bruit pour essayer de remédier à ces dysfonctionnements est fini. Le débat sur cette crise interne managériale sera dorénavant public… ! En résumé, la vie municipale sur cette commune pourrait cesser, hors gestion courante, et de fait paralyser totalement l’action de la collectivité publique. C’est grave et sérieux et cela bien au delà d’une simple dissidence politique.
Sans vouloir à aucun moment réduire l’importance d’un dysfonctionnement dans une commune rurale, un fait politique de cet acabit dans une ville stratégique du Denaisis constitue un problème politique et administratif de premier plan. La Sous-Préfecture de Valenciennes, voire le Préfet de région, pourrait suivre avec un intérêt appuyé l’évolution du climat du côté de Douchy-les-Mines !
Daniel Carlier
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