« Un robot-tondeuse s’aventure sur la route » : ce que cette affaire nous dit de la robotique de jardin
L’essor des robots-tondeuses a changé notre rapport au jardin. Fini le câble électrique à dérouler, place à des automates endurants qui sortent par tous les temps, affûtent leur itinéraire au fil des passages et se mettent à jour via le cloud. Entre les modèles à fil périmétrique (signal basse fréquence), les versions RTK/GNSS sans fil (géorepérage au centimètre), et des applications qui combinent zones, horaires, gestion d’obstacles, anti-vol et alertes, on n’est plus sur un gadget.
Husqvarna, Terramow, Stiga, Sunseeker, Segway, Mammotion… les marques se livrent une bataille de précision, d’autonomie et de sécurité. Cet écosystème mûrit vite — mais l’actualité vient de nous rappeler qu’un détail qui cloche peut transformer un robot méticuleux en « objet roulant non identifié ».
L’anecdote : d’une pelouse bretonne à la départementale
Mardi 28 octobre 2025, près de Plouaret (Côtes-d’Armor), un automobiliste tombe nez à nez avec un robot-tondeuse qui zigzague… sur une départementale. La scène, filmée puis relayée sur Facebook, devient virale : des dizaines de milliers de réactions et de partages en quelques heures. Selon les récits, le robot aurait profité d’un portail laissé ouvert pour s’échapper et poursuivre, stoïque, sa quête de brins d’herbe jusque sur la chaussée.

L’automobiliste finira par s’arrêter, actionner l’arrêt d’urgence et reconduire l’appareil à sa base, sans accident ni blessé. L’histoire déclenche autant de sourires que de questions : comment un appareil censé respecter un périmètre a-t-il pu se retrouver là ?
La réaction de Husqvarna : désamorcer, rappeler le cadre, promettre des vérifications
Dans la foulée, Husqvarna France a réagi publiquement via un post LinkedIn signé par son directeur marketing, Sébastien Fernet. Le message — relayé sur le réseau et commenté par la communauté — replace l’incident dans son contexte : il ne remet pas en cause la sécurité générale des Automower lorsque les conditions d’installation et d’usage sont respectées.
S’y ajoutent des rappels de bon sens : la présence d’un bouton d’arrêt d’urgence, la nécessité de verrouiller l’accès au jardin et l’importance d’un périmètre (physique ou virtuel) opérationnel. Une réactivité bienvenue lorsque l’on sait que les prochains modèles d’Husqvarna revendiquent une intelligence de pointe !
Comment cela a pu arriver : deux scénarios techniques plausibles
On peut d’abord penser à un périmètre physique défaillant (câble coupé, alimentation HS, borne déplacée). Il suffit d’une rupture (coup de bêche, rongeurs, connecteur oxydé), d’une alimentation de station en panne, ou d’une borne déplacée pour dégrader le signal. Un robot qui ne perçoit plus sa « clôture radio » peut se comporter de manière imprévisible, surtout si, simultanément, une barrière physique est ouverte – le portail de l’utilisateur était en effet ouvert.

Sur un modèle sans fil, nous privilégierions la piste d’une erreur de géorepérage, probablement liée à une cartographie imparfaite. Sur les modèles GNSS/RTK de Husqvarna, le maillage virtuel dépend d’un calage fin entre station de référence, satellite et carte du terrain. Un décalage temporaire (masque de ciel, multi-trajets, perte de fix RTK), une carte incomplète (zone non « fermée »), ou même une mise à jour interrompue peuvent créer une « fenêtre » par laquelle le robot s’échappe — surtout si une surface contiguë (allée, trottoir) est interprétée comme une zone franchissable.
Nota Bene : certains robots, lorsqu’ils perdent simultanément le périmètre et le guidage vers la base, adoptent une logique de recherche (lignes droites, spirale, « follow edge »). Sur une bordure ouverte, cette routine peut les propulser… hors du jardin !
Les bonnes pratiques : installation béton, routine d’usage, réflexes en cas de pépin
Pour parer à tout risque de perdre 2 000 € et de provoquer un accident bête (un mauvais coup de volant est si vite arrivé), nous vous avons concocté une petite check-list :
Sécuriser les issues physiques : verrouillez portails/portillons aux heures de tonte ; Soigner le périmètre : si vous êtes au fil, enterrez-le à la profondeur et à la distance de bord prescrites, évitez les raccords multiples, posez des connecteurs étanches et notez le tracé (plan + photos) ; Surveiller l’état système GNSS/RTK : assurez un ciel dégagé pour la base, afin d’éviter les erreurs ou les pertes de signal ; Verrouiller par calendrier : programmez les fenêtres de tonte quand les ouvertures sont fermées (nuit + capteurs bruit/hérissons pris en compte localement). Ajouter des No-Go Zones : dessinez des zones interdites autour des sorties, bassins, marches et bordures donnant sur l’extérieur. Mises à jour OTA & sauvegardes : appliquez les firmwares proposés, sauvegardez la carte et synchronisez-la dans le cloud si la marque le permet.
Et si, en dépit de votre vigilance – ou de celle de votre voisin -, l’inattendu survient, voici les bons réflexes à adopter :
Arrêt d’urgence en appuyant sur l’E-stop (gros bouton rouge) ; Placez l’appareil sur le bas-côté, hors du flux, feux de détresse activés pour les automobilistes ; Identification & restitution : si l’appareil est géolocalisé/nominalisé, l’app alerte généralement le propriétaire. À défaut, vérifiez depuis la rue si vous apercevez un dock de charge dans les jardins alentour ; Déclaration en cas de sinistre : prenez des photos/heure/lieu et, si nécessaire, signalez l’incident aux forces de l’ordre et au fabricant pour analyse.
Et vous ? Avez-vous trouvé cet incident comique ou plutôt effrayant ? Votre robot-tondeuse vous a-t-il déjà joué des tours ? Avez-vous d’autres consignes de sécurité à nous suggérer ? Dites-nous tout en commentaires !