(CAPH) Objectif « déminer » la polémique sur la réhabilitation/extension du site communautaire de Raismes
(Visuel non contractuel)
Aymeric Robin : « Le siège de La Porte du Hainaut sera toujours sur Wallers-Arenberg »
Même si ce projet a été initié en début de mandat intercommunal, avec une finalisation en juin 2025 du dossier administratif et financier, la polémique portée par Joshua Hochart, sénateur et conseiller municipal sur Denain, mais également par d’autres voix, bat son plein. C’est pourquoi, cette présentation durant plus d’1H15, plus un débat de 45 minutes environ, avait pour objectif de répondre à tous les questionnements sur ce dossier marquant.
Comme pour les travaux de réhabilitation majuscule de l’aile de l’ancien hôtel Dieu par Valenciennes Métropole, pendant que le corps se transformait en Royal Hainaut, a fait polémique sur l’ampleur du projet, la transformation/extension du site communautaire éclaté de Raismes fait débat dans les différents conseils municipaux, et bien sûr dans l’hémicycle communautaire.
Un site minier vers le grand public
Pour tout comprendre, il faut débuter par le commencement. Dès l’entame du mandat, après la Covid, le projet de transformer l’ex Arenberg Créative Mine est sur la table. L’ambition d’ensemble est d’ouvrir l’ancien site minier vers une destination « Grand public » et d’optimiser les espaces… à louer potentiellement. D’ailleurs, cette version ouverte au public pourrait être présentée très prochainement.
De suite, le Président de la CAPH indique clairement : « Nous voulons rendre au public ce site, alors qu’actuellement il est fermé avec des grilles. Ensuite, nous ne vendons rien sur Arenberg et nous voulons aussi optimiser ce site en terme de recettes pour la communauté d’agglomération. Enfin, le siège de la CAPH sera toujours sur Wallers-Arenberg (avec des conseils et bureaux sur le Leaud). »
Le chemin administratif et financier
Tout d’abord, la loi et elle a plus d’importance qu’il n’y paraît dans ce dossier. En effet, la fameuse loi NOTRe a renforcé l’action des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre (EPCI Fiscalité propre) par l’accroissement de leurs compétences obligatoires à compter du 1er janvier 2017, notamment dans le domaine du développement économique. La traduction concrète est la fin de la distinction entre zones d’activité communales et zones d’activité d’intérêt communautaire. A compter du 1er janvier 2017, les ZAE, quel que soit leur objet, relèvent de plein droit de l’EPCI à fiscalité propre. En résumé, fini les polémiques d’un choix arbitraire entre une zone économique, conservée jalousement par une commune, voire le passage en communautaire d’une ZAE jugée comme un privilège par d’autres édiles. Cette polémique tenace a tenaillé toutes les EPCI de France et de Navarre… depuis l’émergence des intercommunalités en 2001. En résumé, les zones économiques sont dorénavant sous la compétence des communautés de communes, communautés d’agglomérations et communautés urbaines, plus de débat.
C’est pourquoi, les services de la CAPH installés sur la Zone du Plouich, sur plusieurs bâtiments, ont connu quelques transformations thermiques au cours de ces années, mais tout le monde peut constater la vétusté du site dans sa globalité. Rien que l’entrée dans la zone du Plouich fait un peu pitié…, pour ne pas dire ridicule !
Par suite, les services présents sur Arenberg vont se regrouper avec les autres, déjà beaucoup plus nombreux en mode éclaté, sur la Zone du Plouich à Raismes. « Aujourd’hui, cette zone économique n’est pas lisible, pas moderne, pas accessible, sale… », précise le Président de la CAPH.
Ensuite, Aymeric Robin rappelle toutes les étapes de ce dossier au long cours. Dès mars 2021, le dossier est lancé avec une première traduction concrète dans le PPI (Plan Pluriannuel d’Investissement) en 2022 (prise en compte de crédits d’investissement), puis en 2023, puis en 2024. C’est un classique du genre, voire une prudence gestionnaire sur les gros chantiers communaux ou intercommunaux. On provisionne durant des années en amont afin d’éviter un gros trou d’air dans la comptabilité publique d’avance, de fait sévèrement sanctionné par une opposition de toutes les couleurs politiques. Ne pas le faire relève de l’amateurisme total !
De même, la procédure d’Appel d’Offres pilotée par le comité de pilotage dédié et la commission développement économique, présidée par Anne-Lise Dufour, maire de Denain, a validé le choix du porteur de projet le plus pertinent et signé à cet effet la fin de ce parcours administratif et financier le 30 Juin 2025. Evidemment, pourquoi le choix de ce site sur Raismes, dont le Président est l’édile, et pas sur Denain, voire Saint-Amand-les-Eaux ou dans l’Ostrevent et par suite de transférer tous les services sur ladite collectivité locale sur Denain 20 000 habitants, Saint-Amand-les-Eaux, 16 000 habitants ? Nul doute, ce choix cornélien aurait été source d’une polémique très sportive compte tenu des rivalités bien connues entre les figures politiques à la tête des ces collectivités locales de Denain et de Saint-Amand-les-Eaux, la 3ème guerre mondiale territoriale aurait été ouverte. Ensuite, quel est serait le coût d’une construction ex nihilo et du transfert global de tous les services… sur Denain, sur Saint-Amand-les-Eaux ou ailleurs… à l’heure de la dette publique, credo matin, midi, et soir de la politique française. Ce débat d’évidence explosif n’a pas eu lieu durant le mandat 2014/2020 durant lequel la loi NOTRe est arrivée dans le champ intercommunal.
Certes, La Porte du Hainaut a choisi de transformer le site minier vers la « Mine Images », un chantier titanesque et un rendu bluffant inauguré en septembre 2015 dans la ligne de la reconnaissance UNESCO, en juin 2012, du bassin minier. A la décharge de l’ancienne présidence, il est difficile de mener à bien tous les chantiers en même temps, ce transfert de la patate chaude a donc été dévolu à l’hémicycle communautaire 2020/2026. Seul fait tangible, la ZAE du Plouich existe et se situe sur Raismes. Que ce soit le siège du Conseil départemental du Nord, de la région Hauts de France, de la Chambre des Métiers Hauts de France, et des chantiers pléthoriques des agglos pour leur nouveau siège pour la plupart, l’argent public est-t-il dépensé à bon escient pour des structures internes, c’est un débat public ! Chacun fera son opinion !
« Pourquoi ce projet, très bien exposé par l’Architecte, n’a pas été-t-il présenté en Conseil communautaire et pas seulement en Bureau communautaire ? », commente Joshua Hochart. Assurément, le vote en Conseil communautaire aurait débuté par une campagne politique avant même que démarre, celle déjà en coulisses pour la prochaine présidence de l’agglo, et un scrutin serré, comme en 2020, dont l’issue ne sera jamais connue in fine. Tout est politique et dire qu’il n’y a aucune incidence entre le fait politique national et le territoire est une vaste plaisanterie, la dissolution en juin 2024 a tendu comme un arc les femmes et les hommes politiques. « Nous avons suivi toutes les procédures, avec l’aide d’avocats, afin de respecter (la confidentialité) de cet appel d’offres. Ce denier a été validé également par la Commission des finances, comme celle en charge du Plan Climat, mais également suivi par le réseau ferroviaire compte tenu qu’Alstom est implantée sur ce site », explique Aymeric Robin.
Le coût du projet décodé !
Autre polémique, le coût financier de ce projet est soumis à la discorde. Concrètement, le coût stricto sensu de la rénovation/extension du bâtiment est de 15 millions d’euros, avec la végétalisation autour du site et la rénovation de l’entrée de la Zone Economique, l’addition s’élève à 18 millions d’euros. « Vous choisissez de construire un site à 18 millions d’euros pendant que vous faites les poches des habitants avec la TEOM. De plus, ce site bénéficie à Raismes, ville dont vous êtes maire ! », poursuit Joshua Hochart.
Pour mesurer ce coût de 18 millions d’euros, la démonstration s’est portée sur le gain énergétique à terme compte tenu de la vétusté de l’existant. « Cette réalisation, en fonctionnement sur 30 ans, amène une dépense (énergique + eau) de 8 420 000 euros à terme contre 13 380 000 euros avec la mise aux normes obligatoire (différence environ 5 millions d’euros sur 30 ans) », explique le cabinet Morphoz. Actuellement en 2025, le coût énergétique des différents site de la CAPH est de 91 000 euros environ.
Ensuite, la réglementation qui pique et totalement inconnue du Grand public, le fameux « Décret Tertiaire » s’applique en 2030. En résumé, ce décret impose une réduction drastique de la consommation énergétique par les collectivités publiques afin d’éviter une infraction en 2030 et les premiers contrôles. Bien sûr, on peut mettre la poussière sous le tapis, comme certaines agglo (Cambrai) choisissant majoritairement encore l’enfouissement des déchets, et attendre la catastrophe ! Quel que soit la couleur de la collectivité locale, elles avancent à leur rythme sur ces dossiers !
Par capillarité, il fallait travailler sur le site du Plouich dans sa globalité et remettre à niveau les bâtiments de la CAPH même sans y transférer tous les services, juste pour se maintenir à Raismes en conformité sur le « Décret Tertiaire ». Oui, le choix aurait pu être autre, sur Denain ou Saint-Amand-les-Eaux avec une polémique sans fin à la clé faute d’un seul pôle de centralité. Evidemment, certains diront que le politique aurait pu supprimer cette contrainte lourde pour les collectivités publiques et tout transférer sur la Planète B… !
Le site de la CAPH du « Plouich » revisité
L’appel d’offres très disputé pour le chantier extension du bâtiment administratif « La Passerelle » a été remporté par le mandataire « Sogéa Carboni, filiale du Groupe Vinci construction». Autour d’un panel de partenaires, dont le cabinet d’architectes bien connu sur le Valenciennois, Morphoz Architectes, une présentation détaillée a été proposée à l’hémicycle communautaire.
Le site est revisité avec une base béton, puis en bois sur les étages, des brise-soleils, des panneaux photovoltaïques sur un toit dans le respect de la loi APER visant une accélération des énergies renouvelables. En effet, elle oblige les entreprises à solariser ou végétaliser leurs parkings et bâtiments de plus de 1 000 M2. La fameuse passerelle va réunir l’extension dont le hall « sera bien plus qu’un espace d’accueil, de conférences, de réunions, d’expositions, et autres », commente le Cabinet d’architectes.
Autre volet à prendre en compte, ce chantier va proposer 8 000 heures d’insertion durant la phase travaux. Cette dernière débutera en mars/avril 2026 pour s’achever en juin 2028.
Les réactions
Sur le volet transition écologique, le respect de toutes les lois en vigueur, exposé précédemment, justifie, pour Bruno Saligot, maire d’Escaudain, ce chantier controversé : « Notre Projet de Territoire indiquait clairement une stratégie patrimoniale à cet effet. De toute façon, nous aurions dû réaliser des travaux importants pour respecter le Décret Tertiaire en 2030. »
Patrick Trifi, élu de Raismes, insiste sur le lancement du projet dès 2021 « et de la nécessité de respecter les normes en 2030. A terme, Nous allons diminuer notre consommation énergétique par 4 ».
Patrick Dufour, élu à Saint-Amand-les-Eaux, échange sur les choix bâtimentaires tout en glissant « le choix espéré d’Outinord pour les banches spéciales…, on a besoin de vous ! ». Mme Mercier demande également des précisons sur ces espaces « très vitrés avec un effet serre en été ? » Concrètement, la dynamique d’une construction en 2025 est qu’elle permet de bénéficier du « soleil en hiver et de s’en protéger en été », précise le constructeur.
Pour sa part, André Desmet, Président de la commission des finances, explique : « C’est un projet ambitieux. Pour 166 000 habitants, un coût de 18 millions d’euros pour transformer le site du Plouich et le site d’accueil de tous les services de l’agglo. Est-ce si élevé comme montant ? Par contre, j’espère que le 1/3 d’entreprises locales participantes sur ce chantier correspond à 1/3 du montant financier global. »
Pour l’élu de Denain, David Audin, il tance son opposant au sein du Conseil municipal : « L’argument de la TEOM est populiste et irresponsable. C’est de l’immobilisme et ne correspond pas à notre projet de territoire. »
Concernant le volet purement financier, Jean-François Delattre, le vice-président aux finances. « Sur 30 ans, cela nous coûte 300 000 euros par an pour regrouper tous les services avec de meilleures conditions de travail. » Evidemment, la difficulté de recrutement dans la fonction publique est une constante en France, une problématique majeure. C’est pourquoi, l’aménagement par les collectivités publiques des sites d’exercice du métier devient quasi une obligation structurelle et sur La Porte du Hainaut comme les autres.
Enfin, le Président de la Porte du Hainaut conclut : « La TEOM a permis de soutenir tous les projets locaux et communautaires, c’est une fiscalité au service des habitants. A chaque fois où vous allez sur une inauguration, la réalisation est possible grâce à cette TEOM. Soyez honnête dans votre démarche ! ».
Enfin, Joshua Hochart affirme que la « dette publique explose à La Porte du Hainaut ». Jean-François Delattre répond tout de go : « C’est faux, notre capacité de désendettement est de 3,5 années. » Un taux très raisonnable pour une EPCI, certes cette donnée est en hausse sur cette agglo, mais pas explosive du tout !
Daniel Carlier
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